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[AVIS] Rocketman (2019) Dexter Fletcher

Rocketman
Réalisation : Dexter Fletcher
Scénario : Lee Hall
Avec : Taron Egerton, Jamie Bell, Richard Madden, Bryce Dallas Howard…
Photographie : George Richmond
Musique : Matthew Margeson
Distribution : Paramount Pictures
Durée : 2h01 min
Genre : Biopic, Musical, Drame
Date de sortie : 29 Mai 2019

Affiche du film Rocketman

Rocketman nous raconte la vie hors du commun d’Elton John, depuis ses premiers succès jusqu’à sa consécration internationale.
Le film retrace la métamorphose de Reginald Dwight, un jeune pianiste prodige timide, en une superstar mondiale. Il est aujourd’hui connu sous le nom d’Elton John.
Son histoire inspirante –  sur fond des plus belles chansons de la star – nous fait vivre l’incroyable succès d’un enfant d’une petite ville de province devenu icône de la pop culture mondiale.

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Non on ne parle pas du rugbyman Joe Rokocoko surnommé Rocketman ni du dictateur Nord-Coréen Kim Jong-un surnommé ainsi par Trump mais bien du légendaire Elton John toujours en pleine forme du haut de ses 72ans ! Quelques mois après Freddie Mercury c’est donc au tour de cette autre légende de la musique anglaise de s’offrir son propre biopic mais contrairement au précédent et chose rare, le film fait le portrait d’un homme toujours vivant, un homme qui d’ailleurs en supervise la production. Avec l’apparition du logo Rocket Pictures on s’attend à un biopic classique faisant l’apologie d’une légende qu’on connait finalement assez bien; et bien non Rocketman surprend là où on ne l’attend pas !

Sélectionné en hors compétition au Festival de Cannes 2019, Rocketman offre à Marv Films (Kingsman, Kick-ass, X-men Le Commencement…) la première montée des glorieuses marches. Il n’existait pas de meilleur endroit pour diffuser l’avant première de ce film hybride, mélange de genres et d’émotions à l’image de son sujet. Après I’m Still Ending Elton John revient donc à l’assaut de la croisette et du Festival de Cannes; une avant première qui sonne comme une revanche pour Dexter Fletcher aussi à l’oeuvre sur Bohemian Rhapsody mais malheureusement non crédité (on vous parle de tout ça juste ici). Une revanche ovationnée dans la grande salle du théâtre lumière avec un Taron Egerton larmoyant et un Elton John des étoiles dans les yeux.

Si Dexter Fletcher avait réussi à sauver les meubles pour Bohemian Rhapsody notamment grâce à son acteur principal Rami Malek, il s’offre ici un autre jeune talent très prometteur; Taron Egerton la star notamment de Kingsman ou encore de son film Eddie The Eagle. Un acteur qui n’était pas le premier choix pour la production (a la base Tom Hardy était rattaché au projet) mais qui prouve avec une grande justesse qu’il en était le bon choix ! Un acteur qui n’incarne pas une copie d’Elton John comme l’aurait pu être Rami Malek dans Bohemian Rhapsody, le jeune acteur de Kingsman incarne ici bien plus que le personnage emblématique, puisque ne vous y méprenez pas, Rocketman n’est pas qu’un simple biopic.

Rocketman est un film qui, voué à ne pas pouvoir résumer la vie de l’artiste en deux heures offre une comédie musicale haute en couleurs et en désespoir; comme la vie de l’artiste.

Image du film Rocketman
Taron Egerton incarne Elton John

Le film effleure la vie de l’artiste sans vraiment rentrer dans les détails. Entre réalité et fiction il n’offre pas non plus une biographie détaillée d’Elton John mais comme l’a dit le chanteur, un biopic inhabituel puisque sa vie n’a rien d’habituel. Le film en garde tous les aspects (les bons et les mauvais) et les assume. Si certains studios proposaient au chanteur d’atténuer le sexe et la drogue, Elton John lui a refusé voulant assumer sa vie. Ses addictions, son homosexualité, sa solitude, tout est évoqué dans le film, Elton John tire sa révérence et règle ses comptes.

Le film évoque tant bien son amitié et le chemin parcouru avec son parolier Bernie Taupin (Jamie Bell) que la trahison de son ancien compagnon et manager John Reid (Richard Madden) sans pour autant coller au réel et en rédiger l’histoire détaillée. Sur le fond, Elton John avoue tout; sur la forme Dexter Fletcher se fait plaisir, après avoir du rattraper le travail de Bryan Singer sur Bohemian Rhapsody !

Ainsi Rocketman se concentre sur une mise en scène extravagante, colorée et surtout sur un aspect comédie musicale surprenant. Si la comparaison à Bohemian Rhapsody peut être évidente de part l’aspect biopic et la participation du même réalisateur, il n’ont finalement pas grand chose en commun. Rocketman offre notamment de réelles performances musicales de son acteur principal. Taron Egerton nous éblouie dans la peau d’un des artistes les plus talentueux de sa génération dans un film qu’il considère aussi plus comme une comédie musicale qu’un biopic sur le grand artiste renommé. Il est aussi très bien accompagné de Jamie Bell (Bernie Taupin) l’acteur de Billy Elliot qu’on a pu voir dans Snowpiercer ou qu’on retrouvera bientôt dans le très bon Skin.

On retrouve également Richard Madden (John Reid) aperçu dans Game Of Thrones mais aussi Bryce Dallas Howard la fille du réalisateur Ron Howard (Rush, Davinci Code…) qu’on a pu apercevoir dans Spider-man 3 ou encore Jurassic World qui incarne ici la mère d’Elton John. Tous apportent une touche à cette belle comédie musicale sans pour autant piquer la vedette à l’excellent Taron Egerton.

Les musiques entrainantes d’Elton John à la sauce Taron Egerton valent le coup ! Rocketman n’est pas forcément le biopic attendu mais il reste un très beau film coloré et musical où Taron Egerton continue de prouver son talent en ajoutant la compétence musicale à son bel attirail. Si le film garde une très grande part de fiction, Elton y tire sa révérence et fait le constat d’une grande carrière constamment en montagnes russes émotionnelles.


[AVIS] Le Grand Bain (2018) Gilles Lellouche

Synopsis:
C’est dans les couloirs de leur piscine municipale que Bertrand, Marcus, Simon, Laurent, Thierry et les autres s’entraînent sous l’autorité toute relative de Delphine, ancienne gloire des bassins. Ensemble, ils se sentent libres et utiles. Ils vont mettre toute leur énergie dans une discipline jusque-là propriété de la gent féminine : la natation synchronisée. Alors, oui c’est une idée plutôt bizarre, mais ce défi leur permettra de trouver un sens à leur vie…

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Le Grand Bain est le troisième film de Gilles Lellouche, le premier qu’il réalise seul. Pour cette première, l’acteur et réalisateur français s’offre une distribution française de grande envergure ainsi qu’une avant première au festival de Cannes 2018 en hors compétition. Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde, Virginie Efira, Mathieu Amalric, Jean-Hugues Anglade, Philippe Katerine, Félix Moati, Mélanie Doutey, Leïla Bekhti, Marina Foïs, Alban Ivanov ont ainsi brillé sur les marches mais aussi à l’écran, ovationnés dans le grand théâtre lumière lors de la grande projection.

Et le moins qu’on puisse dire c’est que tout est mérité ! A l’approche assez simpliste, on avait peur de voir ici une énième comédie française mais le film de Gilles Lellouche va plus loin que ça. En plus d’être hilarant par moment, Le Grand Bain est tout aussi émouvant. A commencer par les acteurs, tous touchants comme il faut apportant chacun leur pierre à l’édifice, former une équipe de natation synchronisée masculine. Le pitch annonce déjà la couleur et en plus d’être une très bonne comédie, Le Grand Bain est aussi une leçon de vie, il faut croire en ses rêves et aller au bout de ce qu’on entreprend.

Mais ce qui plait vraiment dans Le Grand Bain c’est le plaisir que prend toute l’équipe à nous emmener dans cet univers drôle et sensible. On ressent une vraie passion, une vrai entente, on pourrait même parler ici d’un film de pote. Côté mise en scène on a quelques chose de frais, quelque chose d’assez dynamique, une grand réussite de Lellouche qui manque cependant de rythme et d’intensité.

Dans un esprit Rasta Rockett (1993) Gilles Lellouche nous emmène dans l’univers méconnu de la natation synchronisé, façade qui cache en réalité son vrai dialogue sur ses personnages clichés attendrissants et populaires. Aux dialogues bien écrits et aux gags réussis, Le Grand Bain marque une pause plein d’humour dans cette 71e édition du festival de Cannes ! Ce nouveau film de Lellouche ravira le grand public pour son smile constant et son optimisme toujours plaisant.

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[AVIS] The Spy Gone North (2018) Yoon Jong-bin

Synopsis:
Séoul, 1993. Un ancien officier est engagé par les services secrets sud-coréens sous le nom de code « Black Venus ». Chargé de collecter des informations sur le programme nucléaire en Corée du Nord, il infiltre un groupe de dignitaires de Pyongyang et réussi progressivement à gagner la confiance du Parti. Opérant dorénavant en autonomie complète au coeur du pays le plus secret et le plus dangereux au monde, l’espion « Black Venus » devient un pion dans les tractations politiques entre les gouvernements des deux Corées. Mais ce qu’il découvre risque de mettre en péril sa mission et ce pourquoi il a tout sacrifié.

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The Spy Gone North s’est fait très discret malgré un passage au festival de Cannes et à l’Etrange Festival à Paris. C’est pourtant une oeuvre marquante du réalisateur sud-coréen Yoon Jong-bin connu notamment pour son film Nameless Gangster, succès au box office et film multi-récompensé. Inspiré de faits réels des années 1990 pour illustrer les rapports complexes entretenus entre les deux corées, The Spy Gone North est en plein dans l’actualité et maîtrise son sujet géopolitique d’une fausse légèreté.

Les parts de réel et de fictif dans ce thriller d’espionnage politique ne sont pas clairement quantifiable comme l’était aussi Argo le film de Ben Affleck qui s’apparente beaucoup à ce film de Yoon Jong-bin. Mais cette oeuvre nous montre une Corée du Nord comme rarement vu dans les films, c’est d’ailleurs très rare d’en voir des images au cinéma ! Recrée en effet spéciaux, cette Corée du Nord des années 90 est d’un réalisme frappant et offre une grande valeur ajoutée à ce film déjà très dense. Parce que oui, les thriller coréens ont pour habitude d’être assez chargés scénaristiquement, de quoi séduire les amateur du genre ! En plus de l’aspect thriller, le film offre un aspect historique important.

Qui dit dense dit beaucoup de choses à raconter et forcément le rythme en prend un coup. Surtout sur un film de 2h21, c’est assez lent à se lancer mais on tient bon grâce à cette histoire haletante !

Côté casting, le film propose avec une extrême justesse des personnages attachants et bien interprétés. Déjà l’acteur principal Jung-min Hwang offre une interprétation très sincère de Suk-young Park le ‘Black Venus’. Il est très bien épaulé par les autres acteurs notamment Sung-min Lee qui incarne un dignitaire nord-coréen mélancolique et désabusé avec qui Black Venus va faire équipe. Sans oublier Ri Myong-un, Jin-Woong Cho, Ji-Hoon Ju mais surtout Ju-bong Gi pour sa magnifique interprétation de Kim Jong-Il, le dictateur Nord-Coréen et ses scènes sublimes à la fois drôles et pleines de suspens.

La surprise est d’ailleurs dans cette sincérité de jeu qui fait de The Spy Gone North un film plein d’émotions. Aussi surprenant que cela soit-il, Yoon Jong-bin le réalisateur a réussi à allier thriller d’espionnage à une justesse dans l’émotion et le jeu ! Une belle prouesse qui en plus des images de Corée du Nord et des faits historiques, fait de The Spy Gone North un parfait thriller d’espionnage et sur l’espionnage ainsi que sur les deux Corées !

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