Category 2016

[AVIS] Assassin’s Creed (2016) Justin Kurzel

Synopsis:
Grâce à une technologie révolutionnaire qui libère la mémoire génétique, Callum Lynch revit les aventures de son ancêtre Aguilar, dans l’Espagne du XVe siècle.  Alors que Callum découvre qu’il est issu d’une mystérieuse société secrète, les Assassins, il va assimiler les compétences dont il aura besoin pour affronter, dans le temps présent, une autre redoutable organisation : l’Ordre des Templiers.

2.5

Justin Kurzel réunit pour une deuxième fois le duo Michael Fassbender / Marion Cotillardaprès son Macbeth sorti en novembre 2015. Le réalisateur utilise le même schéma dans Assassin’s Creed et se foire en proposant un film trop romancé à défaut d’adapter un jeu vidéo pour le grand public. Ce qui était un monde ouvert mêlant à la fois futur et passé dans une grande aventure historique et d’infiltration se transforme ici en un huis-clos dans Madrid et en de fastidieuses plongées dans l’Animus pendant l’Inquisition espagnole du XVe siècle.

La mise en scène des combats et leurs rythmes sont les seuls points positifs du film avec également la base scénaristique de la recherche de la Pomme d’Eden et du combat contre l’Ordre des Templiers. On retrouve l’esprit d’Assassin’s Creed dans les éléments de narration et dans la gestuelle des cascades, ce qui n’est pas le cas des personnages proposés dans le film. L’échec n’est présent que pour éviter les critiques négatives en vue d’une mauvaise adaptation et d’une nouvelle histoire avec de nouveaux personnages ainsi que la mise en place d’éléments de base pour l’occasion. Il est quand même indiqué que le film est positionné à la fin de Syndicate, dont la sortie sur console a eu lieu en 2015.

Assassin’s Creed est extrêmement mal rythmé et on ne peut que s’accrocher aux scènes d’action et à une superbe lumière du chef opérateur d’Adam Arkapaw (Une vie entre deux océans, Macbeth…). Les transitions de l’Animus au XVème siècle sont mal menées et n’aboutissent en rien au développement de l’histoire. De ce fait, les points mythologiques deviennent très confus. On ne nous contente que d’un strict élargissement minimum de la franchise sans vraiment faire l’effort d’y ajouter la touche spéciale que l’on connaît grâce aux jeux vidéos. De plus, les idéologies des personnages sont assez navrantes surtout dans le milieu avancé où ils se trouvent.

Jeremy Irons (The Borgias, Die Hard 3…) devient un personnage sans vie, acculé par la seule vision de détruire la violence. Il remet la question du libre arbitre en avant – ce qui fait qu’un être peut se déterminer lui-même. Indirectement, le personnage de Jeremy Ironsutilise une forme de violence pour aboutir à ses fins et permettre à l’Ordre des Templiers de dominer le monde (vocation inédite pour des méchants). Marion Cotillard, qui ici joue sa fille, est sûrement le personnage le plus intéressant du film. Le fait est qu’on ne distingue pas vraiment sa position dans la part des choses. C’est un personnage travaillé avec précision et qui se distingue de son père, des patients d’Abstergo Industries et de Lynch (Michael Fassbender). En parlant de Michael Fassbender, c’est un personnage assoiffé de vengeance. Il rentre dans le moule du personnage inutile tellement ses envies sont plates, telles un joueur de foot dans Fifa. Il interprète Aguilar de Nerha quand il rentre dans l’Animus, personnage qui semble vraiment intéressant mais dont on n’apprend rien. La française Ariane Labed, qui est Maria durant l’Inquisition espagnole est sous-exploitée. En plus de cela, un brin de romance est dévoilé dans le film, mais sans rien de plus.

Le film ne serait pratiquement à voir que pour ses scènes d’action et l’excellent assaut dans Abstergo de patients mené par Michael K. Williams (Twelve Years a Slave) et d’autres.

Justin Kurzel exerce le saut de la foi avec Assassin’s Creed mais s’écroule à l’atterrissage.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=n6rqkhgwMVA[/youtube]

[AVIS] Animaux fantastiques (2016) David Yates

Synopsis:
Les aventures de Norbert Dragonneau, l’auteur du livre Les Animaux Fantastiques qu’étudiait Harry Potter.

2.5

5ans… 5ans se sont écoulées depuis le dernier épisode d’Harry Potter au cinéma. 5ans que les fans ne demandent qu’a reto urner dans cet univers maîtrisé et orchestré par la grande J.K. Rowling. Toute bonne chose a une fin, mais pas dans le cinéma où la sur-exploitation des licences commencent à envahir les salles. Ainsi Harry Potter n’échappe pas à la règle et J.K. Rowling s’en frotte les mains puisque ce nouvel opus, signe le début d’une nouvelle saga, extension de l’univers qu’on connait. Il permet également à l’écrivaine de s’imposer en tant que scénariste et productrice, une première !

Et qui de mieux pour épauler JK Rowling que le réalisateur des quatre derniers Harry Potter, David Yates. Il rejoint ainsi la production ainsi qu’une bonne partie de l’équipe présente sur la série originelle ce qui n’est pas le cas du casting original puisque le film se passe 60ans avant. Ainsi pour remplacer l’exceptionnel trio Daniel Radcliffe, Emma Watson et Rupert Grint, la production compte sur les talents d’Eddie Redmayne, oscarisé pour Une Merveilleuse Histoire du temps et nommé pour Danish Girl, un jeune acteur en pleine expansion qui sera accompagné de Dan Fogler, Katherine Waterston, Alison Sudol ou encore Colin Farrell et Ezra Miller. Un film qui promet une extension captivante dans l’univers qu’on aime. Il en est malheureusement tout autre chose…

Bien que JK Rowling soit fortement ancrée au projet, on regrette le manque de l’univers Harry Potter tel qu’on le connait. Très peu de baguettes magiques, de sorciers, très peu de personnages connus ou évoqués, on a l’impression de voir un Star Wars sans sabre laser ou un Seigneur des Anneaux sans anneau… On a juste droit à enchaînement d’effets spéciaux plutôt ratés avec Eddie Redamayne pas convainquant qui cherche encore sa place. Heureusement les costumes viennent rattraper ce manque d’efficacité visuelle et apporte au film une ambiance assez interessante dans un New York des années 30 qui peine à convaincre puisqu’on en voit finalement pas grande chose.

Pourtant la créativité de JK Rowling n’est pas à la baisse et si l’intérêt du film en tant qu’Harry Potter est assez faible, l’écrivaine a plus d’un tour dans son sac et propose avec Les Animaux Fantastiques des créatures drôles et attendrissantes qui viennent meubler le manque d’efficacité concernant le reste. Vous me direz c’est tout l’intérêt c’était là tout l’intérêt du film, évidemment vous avez raison mais en plus de proposer un visuel pas forcément convainquant, Les Animaux Fantastique explore quelques sous intrigues qui n’ont cependant pas grand intérêt dans le film si ce n’est prendre du temps pour nous laisser sur notre faim.

Mais comme la scénariste et productrice de cette nouvelle saga a évidemment plus d’un tour dans son sac (faut-il le répéter) elle nous offre une fin digne de ce nom qui vous donnera envie de voir la suite mais surtout qui remonte le niveau de ce Spin-off. On a vraiment l’impression que JK mise tout sur la suite, ce film en fait donc une introduction un peu longue, qui raconte pas grande chose… Mais une aventure tout de même sympathique comme JK sait le faire aux acteurs grandioses qui peine malheureusement à trouver leur place et à être réellement crédible visuellement.

La suite sera décisive mais pour l’instant JK est loin de nous convaincre et de devenir un phénomène comme l’avait fait Harry Potter.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=jC8xuFcMq20&frags=pl%2Cwn[/youtube]

[AVIS] Papa ou Maman 2 (2016) Martin Bourboulon

Synopsis:
Deux ans ont passé. Après avoir raté leur séparation, les Leroy semblent parfaitement réussir leur divorce. Mais l’apparition de deux nouveaux amoureux dans la vie de Vincent et de Florence va mettre le feu aux poudres. Le match entre les ex-époux reprend.

3.5

Plus d’un an après le premier film de Martin Bourboulon, le réalisateur revient avec son second film : une suite toujours scénarisée par Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière. Le couple Laurent Lafitte / Marina Foïs revient accompagné de ses enfants ainsi que de nouveaux acteurs, Sara Giraudeau (Rosalie Blum) et Jonathan Cohen (La Crème de la crèmeBloqués…).

L’histoire se passe cette fois-ci deux ans après le premier film et l’on retrouve le couple qui semble enfin avoir établi son divorce. Dans Papa ou Maman 2 il n’y a pas de bataille énergique pour savoir qui aura la garde des enfants. Cependant, l’apparition de deux nouveaux personnages au milieu de l’ex-couple va créer un véritable chantier. Le scénario se renouvelle et ne tombe pas dans la facilité. En comparaison avec Babysitting 2, on ne nous donne pas une suite simplement pour la demande et l’on ressent une pâte de scénariste derrière celui-ci. L’ajout de nouveaux personnages ouvre donc un champ plus large pour l’histoire et permet d’ouvrir les personnages à d’autres facettes. Leurs sentiments réciproques sont pour le coup plus approfondis et la « guerre » qu’ils se lancent est moins mise en scène et beaucoup plus « naturelle » que dans le premier opus. Papa ou Maman 2 est également pourvu d’un humour aussi bon que dans le premier film, voire mieux dosé et, dans un certain sens, moins lourd. Humour travaillé également avec Jonathan Cohen à qui l’on a écrit un rôle très proche de celui de Serge le Mytho (Bloqués, Serge le Mytho). Sara Giraudeau est parfaite dans son rôle, même si elle s’efface un peu trop facilement du film, tout comme Jonathan.

La construction du film est très proche du premier. Ainsi l’on débute sur un plan séquence mais qui pour le coup est plus long et mieux travaillé au niveau de la mise en scène et de la lumière. L’évolution du film à travers les différents blocs est bien gérée et on ne tombe pas dans un rythme irrégulier. La partie se déroulant sur l’île de la Réunion pourrait cependant être plus approfondie afin de révéler une atmosphère et un espace différents de la ville et des maisons des personnages. Film dynamique, Papa ou Maman 2 est une production très travaillée. Comme l’explique son réalisateur, 88 heures de rush ont été tournées, ce qui montre l’effort des acteurs ainsi que des équipes techniques pour un film français, quand on voit que certains ont des scénarios médiocres et une réalisation désastreuse. Le duo ne change pas d’avant et est toujours aussi excellent. L’implication des enfants dans le film est très différente du film précédent. La maturité prend le dessus, mais leur innocence fait qu’ils restent bel et bien des enfants. Seul bémol : la petite dernière qui n’est dans le film que pour imbriquer des gags répétitifs.

Papa Ou Maman 2 est une nouvelle fois une belle réussite. Le film garde le même esprit et ne tombe pas dans le piège de la suite inutile.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=cAPKZVlwgq4[/youtube]

[AVIS] Premier Contact (2016) Denis Villeneuve

Synopsis:
Lorsque de mystérieux vaisseaux venus du fond de l’espace surgissent un peu partout sur Terre, une équipe d’experts est rassemblée sous la direction de la linguiste Louise Banks afin de tenter de comprendre leurs intentions.
Face à l’énigme que constituent leur présence et leurs messages mystérieux, les réactions dans le monde sont extrêmes et l’humanité se retrouve bientôt au bord d’une guerre absolue. Louise Banks et son équipe n’ont que très peu de temps pour trouver des réponses. Pour les obtenir, la jeune femme va prendre un risque qui pourrait non seulement lui coûter la vie, mais détruire le genre humain…

4.5

Non ! Denis Villeneuve ne s’attaque pas au blockbuster ! Si le réalisateur canadien confirme sa polyvalence en ajoutant la science-fiction à sa filmographie, il reste cependant fidèle à lui-même et propose ici un film réfléchi et grandiose où le traitement et la profondeur de ses propos priment sur le divertissement. Premier Contact – au même titre qu’Interstellar de l’excellent Nolan – nous rappelle les fondamentaux de la science-fiction en ayant imaginé bien plus qu’une réaction armée face à une invasion d’aliens, avec des personnages bien plus profonds que des gros bras tatoués qui portent des gros fusils. Bien qu’Interstellar soit moins ambitieux que Premier Contact, il tient tout de même tête à cette énorme machine cinématographique. Ainsi, Villeneuve traite une multitude de sujets à travers son personnage féminin fort et torturé interprété par la ravissante Amy Adams – qui est d’ailleurs incroyable dans son rôle (Fighter, American Bluff, Batman V Superman). Sans se perdre dans sa narration atypique, Villeneuve voit en Louise Banks (Amy Adams) un sujet plus important que l’attaque alienne elle-même. Il fait de cette linguiste le fil directeur du film qui emmène le spectateur dans une intimité dont lui seul a la clé.

Si l’arrivée d’aliens sur Terre prend une grande importance dans Premier Contact, le véritable thème qu’il reste également à envisager n’est autre que la communication. Louise Banks (Amy Adams) représente la clé du langage face à  l’incompréhension internationale. Le langage est un outil essentiel à la communication ainsi qu’à une bonne cohabitation. Ici, Denis Villeneuve tente de nous inviter dans un monde utopique où une coalition internationale fonctionne presque parfaitement dans ce monde utopique qui est rapidement rattrapé par le réalisme de la science-fiction du réalisateur canadien. Mais la puissance du personnage de Louise Banks et de son collègue Ian Donnelly (Jeremy Renner) va mettre le langage au cœur d’une grande partie du film. Comment créer un premier contact avec ces êtres ? Que veulent-ils ? Comment comprendre ce qu’ils veulent ? Tant de questions que se posent ces deux linguistes et scientifiques. Denis Villeneuve y répond avec certes, une certaine lenteur mais surtout une certaine justesse.

La  première partie du film nous plonge dans le contexte et l’ambiance avec cette lenteur que peu ont appréciée. Mais la suite monte en tension et fait du film une puissante machine haletante. Comme à son habitude Villeneuve nous montre l’une de ses plus grandes forces : la capacité à nous immerger dans une tension qui à son apogée éclate, laissant le spectateur dans un cliffhanger parfois très énigmatique. L’une des tensions est basée sur l’incompréhension des aliens. Au même titre que le requin dans Les Dents de la mer, Villeneuve préfère garder un certain mystère sur ces êtres extra-terrestres nous prouvant l’importance de la communication mais aussi la peur de l’inconnu.

Misant beaucoup sur la performance d’Amy Adams et de Jeremy Renner ce mélodrame de science fiction assez intimiste adapté de la nouvelle de Ted ChiangL’Histoire de ta vie (Story of Your Life) illustre parfaitement la qualité de  Villeneuve en tant que metteur en scène. Le réalisateur Canadien se balade dans les genres cinématographiques comme une sorte de signature mais sa vraie signature réside dans les thèmes abordés parfois semblables dans des styles très différents. Premier Contact nous rassure quant à la suite de Blade Runner, un film de science-fiction réfléchi et ambitieux qui retombe dans une certaine touche « villeneuvienne ».

Après l’excellent Prisoners, l’énigmatique Enemy ou encore le fabuleux Sicario, Premier Contact se propose le modèle d’un cinéma haletant, métaphorique et grandiose d’un réalisateur qui n’a plus besoin de prouver son talent ni sa polyvalence.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=WVZHixIBxAc[/youtube]

[AVIS] Sausage Party (2016) Conrad Vernon & Greg Tiernan

Synopsis:
Une petite saucisse s’embarque dans une dangereuse quête pour découvrir les origines de son existence…

2.5

Sony commence à s’habituer aux problèmes des sorties en salles de ses films. Après L’interview qui tue!, qui avait provoqué un ras de marée médiatique (rappelons l’histoire : en décembre 2014, après avoir subi une cyber-attaque, dévoilant nombreux documents privés, et reçu des menaces d’attentats, Sony décida alors d’abandonner la distribution du film), Sausage Party semble suivre plus ou moins le même chemin en termes de polémique. Film pour enfants ou cinéma d’animation pour adultes ? Aucun vrai avertissement ne semble sensibiliser les parents (une simple interdiction de moins de douze ans) et la sortie en salles dans l’hexagone de Sausage Party reste un gros point d’interrogation.

Pourtant, le message est clair sur l’affiche française : Sausage Party, un héros va se dresser. Il faudrait vraiment faire preuve de mauvaise volonté pour rater l’accroche phallique du distributeur. Pour sa première en matière d’animation, Sony ne fait pas dans la dentelle et est très clair sur ses intentions. Ils ne sont pas là pour viser une jeune catégorie de cinéphiles, la fabrique Sony garde son identité de distributeur subversif.

A la lecture du synopsis de Sausage Party, quelque chose d’incompréhensible se produit : « Une petite saucisse s’embarque dans une dangereuse quête pour découvrir les origines de son existence. » On se demande s’il n’y a pas eu erreur à la traduction, le film empruntant tout le chemin inverse. Il ne s’agit non pas des origines de cette saucisse mais de son devenir. De façon très étirée, il s’agit d’une critique du consumérisme. Cette partie de saucisses tente de mettre à mal le règne des hypermarchés, ces points de rassemblement de toutes les cultures ou chaque article joue des coudes pour être plus attractif que son voisin. Le film aborde lâchement le thème de l’homosexualité, ainsi que du racisme, tant de thèmes jetés sur la table sur lesquels le spectateur ne peut pas s’attarder, ébloui par la montagne d’obscénités que débitent les personnages à la seconde. C’est comme si les réalisateurs s’étaient dit qu’il fallait absolument trouver une justification au film dans des revendications actuelles. Et c’est toute la faiblesse, ou maladresse du film, que de servir une énorme farce porno qui fait office de mise à distance et enveloppe de façon opaque tout contenu intéressant. Le concept devient certes amusant, mais vain.

Finalement le film répond-il à son propre questionnement ? Plus ou moins. Mais c’est dire à quel point le sujet est effleuré et que le but ici est de produire une farce burlesque et sexuelle géante. Le plus important n’étant pas d’apporter une solution ou de conclure sur une réflexion à propos de la surconsommation mais plus de créer une orgie (dans le sens sexuel du terme) démesurée. Initialement confié à Mark Osborn, on ne s’étonne pas que l’homme qui a réalisé le fin et léger Petit Prince ne laisse le bébé à Conrad Vernon et Greg Tiernan (il fallait être au moins deux pour faire ça), déjà plus habitués à l’humour graveleux. Sous couvert du cinéma d’animation, les réalisateurs se permettent de servir de la pornographie gratuite, sur grand écran. Chapeau bas donc à ces deux hommes qui ont réussi là où beaucoup ont échoué. On ne saurait dire s’il faut blâmer cette dernière extravagance du cinéma d’animation, pas si choquant finalement quand on le réduit à la pulsion phallique de son auteur caché, Seth Rogen.

S’il ne fallait retenir qu’une seule chose de Sausage Party, c’est sa capacité à assumer jusqu’au bout sa folie et son débordement outrancier.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=iqG5Kox-khQ&frags=pl%2Cwn[/youtube]

[AVIS] Arès (2016) Jean-Patrick Benes

Arès
Réalisé par : Jean-Patrick Benes
Avec : Ola Rapace, Micha Lescot, Thierry Hancisse et Hélène Fillières.
Date de Sortie : 23 Novembre 2016
Durée : 1h 20min

Synopsis:
« Dans un futur proche, l’ordre mondial a changé. Avec ses 10 millions de chômeurs, la France fait désormais partie des pays pauvres. La population oscille entre révolte et résignation et trouve un exutoire dans des combats télévisés ultra violents où les participants sont dopés en toute légalité et où tous les coups sont permis. Reda, dit Arès, est un ancien combattant qui vit de petits boulots de gros bras pour la police. Tout va changer lorsque sa sœur se fait arrêter et qu’il doit tout mettre en oeuvre pour les sauver : elle et ses filles. »

Affiche du film Arès

3.5

Quand le cinéma français s’essaie au cinéma hollywoodien, souvent, on se plante ! Sorti des grandes comédies populaires ou de ses stéréotypés mélodrames, on peut penser que le septième art français ne sait rien faire d’autre. Alors oui, nous avons Besson. Mais écartons tout de suite ses budgets ahurissants et ses acteurs bankable (pour rappel, son prochain film Valerian possède un budget de 197 millions d’euros). Nous parlons ici principalement des films dans l’hexagone ne dépassant pas un budget de 10 millions d’euros.

Et puis tout à coup débarque Arès, le nouveau film de Jean-Patrick Benes. Les premières images avaient fait peur à pas mal de monde. « Pourquoi cela serait-il réussi ? », « Vous avez vu, ils copient Hollywood », « encore un truc français qui veut faire original »… Sauf que cette fois et contre toute attente, Arès fonctionne très bien ! Cette réalisation n’est absolument pas prétentieuse. Elle ne se définit pas comme un blockbuster et n’essaie pas d’en être un. Avec un budget fixé à 5 millions, le réalisateur, le producteur Matthieu Tarot et toute leur équipe vont prouver qu’il est possible d’offrir quelque chose de bien.

Mélange de film d’anticipation, de drame et d’action, Arès possède beaucoup plus de codes cinématographiques américains que français. Mais étant conscient de ce que leur budget leur impose, Arès construit sa force sur la crédibilité du récit. Le réalisateur n’a pas tenté de faire des séquences ultra impressionnantes ou pleines de cascades à la Mission Impossible, à l’échelle de leur budget. Cela aurait été catastrophique. Donc, Jean-Patrick Benes s’est a priori concentré sur des choses plus faisables, et a préféré les améliorer au maximum pour un rendu très convaincant. Et Arès possède quand même de quoi vous rassasier visuellement (accompagné d’une bande originale vraiment adéquate).

Image du film Arès

Arès peut parfois sembler un peu mal interprété. Pas pour tous les acteurs, ni de façon constante. Mais la majorité des personnes a, à un moment où à un autre, sa petite phrase pas crédible, sa réplique de trop. Ces quelques faux pas dans les dialogues font sourire le temps d’une poignée de seconde, puis le film replonge le spectateur dans ce qu’il possède de plus sérieux. Oui, certaines répliques passent bizarrement mais les punchlines en français sonnent toujours étrangement dans nos oreilles (quel que soit l’art, en musique par exemple, ça rend toujours mieux en anglais !). Et finalement, cela donne presque un charme à Arès. Bref, les conversations entre les protagonistes dans la réalisation de Jean-Patrick Benes se placent tout de même bien au-dessus de celles entendues dans de nombreux autres films français. Ces maladresses ne plombent pas la qualité de ce film à 5 millions d’euros.

En plus de cela, les personnages et leurs traits de caractère sont eux, bien écrits. Ils évoluent ensemble dans un Paris hostile et complètement futuriste. Jean-Patrick Benes a éteint de ses mains la Ville Lumière pour en faire un round géant où toutes les dépravations sont possibles. Et on peut dire que le rendu est satisfaisant.

La mise en place du cadre du film est un trop longue. En réalité, elle ne dure peut être que quinze, voire vingt minutes grand maximum. Arès part sur des bases stables, mais un peu trop alambiquées. La contextualisation est un peu lourde et le public peut avoir du mal à accrocher à l’histoire au début. L’intrigue est très attrayante mais la manière d’y plonger le spectateur est un peu lourde. De plus, les personnages ne sont pas tout de suite attachants. Peu d’enjeux et peu de compassion pour le public derrière l’écran. Ceci dit, cela peut être un mal pour un bien. En effet, une fois ces premières minutes passées, boum ! Jean-Patrick Benes offre le film tant attendu.

Le développement des personnages et la création de leurs liens, de leur relation, sont d’autant plus captivants que le spectateur était un peu mis à l’écart au début. Le monde dans lequel ils évoluent a été posé pendant les premières minutes et désormais, tout est limpide et le film captive énormément jusqu’à ses dernières secondes. Après l’effort donc, le réconfort ! Il faut s’accrocher au début pour pouvoir apprécier Arès à sa juste valeur par la suite, parce qu’il le vaut !

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=ehp3w7hD09M&frags=pl%2Cwn[/youtube]

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[AVIS] Sully (2016) Clint Eastwood

Synopsis :
L’histoire vraie du pilote d’US Airways qui sauva ses passagers en amerrissant sur l’Hudson en 2009. 
Le 15 janvier 2009, le monde a assisté au « miracle sur l’Hudson » accompli par le commandant « Sully » Sullenberger : en effet, celui-ci a réussi à poser son appareil sur les eaux glacées du fleuve Hudson, sauvant ainsi la vie des 155 passagers à bord. Cependant, alors que Sully était salué par l’opinion publique et les médias pour son exploit inédit dans l’histoire de l’aviation, une enquête a été ouverte, menaçant de détruire sa réputation et sa carrière.

3.5

Vous le voyez, papy Eastwood dans son atelier à tailler dans un morceau de bois sa nouvelle figurine, celle qu’il va ajouter fièrement à sa collection des héros américains ? En réalité, c’est plutôt derrière un cadre épuré et puissant que va naître son nouveau héros. C’est l’histoire du capitaine Chesney Sullenburger, dit Sully, pilote de ligne américain qui a réussi à se poser sur l’Hudson, sauvant 155 passagers à bord. Mais dans SullyEastwood ne raconte-t-il pas plutôt sa propre histoire ? Et se pose comme un questionnement de toute une carrière, et sur le mythe qu’il est devenu.

On le sait, la deuxième quinzaine du mois de novembre signe deux grands retours : le froid hivernal qui s’installe confortablement, et les films en course pour les Oscars. Coïncidence alors que le nouveau Eastwood vienne pointer le bout de son nez sur les écrans une semaine après celui d’un de ses concurrents directs, le dernier Zemeckis ? Deux mastodontes américains qui ont respectueusement passé leur vie à ériger les mythes d’outre-Atlantique. Peu probable donc que la sortie en salle de ces deux films soit si proche, tant le cinéma de leurs auteurs se font écho.
Clint Eastwood n’est pas le premier à s’intéresser à l’histoire de SullenbergerZemeckis s’était déjà plus ou moins emparé de cette affaire avec Flight, réalisé en 2012, où Whip Whitaker, incarné par Denzel Washington, pilote de ligne chevronné, réussit miraculeusement à faire atterrir son avion en catastrophe après un accident en plein ciel. Sully et Eastwood viennent donc corriger l’erreur qu’aurait commise Zemeckis.
Et pour ce faire, Clint Eastwood s’empare du Héros de Zemeckis, celui qu’il a façonné, qui a été son inspiration, et qu’il a érigé en légende : Tom Hanks. C’est le Tom Hanks de Seul au Monde, de Forest Gump, qui va incarner la réponse à Flight, à celui qui lui a donné ses plus beaux rôles. C’est une façon pour Eastwood de s’accaparer le film de Zemeckis, pour développer tout son propos.

Sully, c’est aussi l’occasion de rectifier le tir du tollé médiatique d’American Sniper. Il fait dialoguer en toute logique les deux films, et offre une relecture pertinente de son avant-dernier film, qui manifestement, n’avait absolument pas été compris. Là où American Sniper semblait nous taper à coup de bâton moralisateur, Sully est plus modéré et répond à un vrai questionnement. Un rattrapage en plein vol donc pour le réalisateur américain qui laissait planer le doute sur sa capacité à encore réaliser des films ouverts et conscients de leur réalité.

Pour cette première collaboration entre Hanks et Eastwood, il n’y a aucune agressivité, le réalisateur dessine les contours parfaits de la statue Sully, comme le socle sur lequel il se hisse et sans lequel il ne pourrait tenir. L’écrin, ou le piédestal de Sully, celui qui le met en valeur et qu’il ne remettra jamais en doute. Sully est l’un des films les plus courts du réalisateur, il a laissé décanter son film pour n’en garder que l’essentiel. Si le personnage présente des doutes et ne se laisse pas glorifier si aisément, la réalisation d’Eastwood elle ne fait pas dans la nuance. Le réalisateur est là pour dresser le portrait d’un héros national. Et c’est peut-être là sa plus violente réponse à Zemeckis, là où se dernier mettait en doute l’étiquette de héros à son personnage, Eastwood veut montrer qu’il n’y a aucune remise en question possible.

C’est une triple figure que l’on retrouve au travers du personnage de Tom Hanks. Comme nous disions juste au dessus, la glorification du héros n’a pour consistance que celle que le réalisateur veut bien lui accorder. Le personnage en lui même ne se considère pas ainsi, et il va vagabonder du statut de héros à anti-héros durant toute l’intrigue. Lors de la scène du procès, dénouement, cette situation va se cristalliser et comme soulager toute la tension accumulée pendant quatre-vingt dix minutes. Et en faisant tenir la décision en cette unique scène, Eastwood montre comment l’image d’un héros peut se construire ou se déconstruire à une vitesse folle. Peu importe ce que le film nous raconte, le pouvoir est donné aux services publics.

Une troisième figure émerge de la personne de Tom Hanks, c’est tout simplement celle du réalisateur. Il faut voir, pour s’en convaincre, la façon dont Eastwood jette son propre corps dans le récit – et dans la peau de Sully. On aurait tendance à dire que Clint a du mal à se défaire de son ombre Walt, et pourtant, ici rien à voir avec son héros de Gran Torino, c’est un tout autre visage que se donne Eastwood avec Sully. Il se remet en question, à savoir : est-il devenu le héros américain qu’il a toujours voulu être, depuis les premiers western ? C’est triste à dire, mais il s’agit peut-être maintenant pour Eastwood de penser sonfilm, celui qui viendrait poindre son opus magnum.

Eastwood continue de se faire l’historien de son pays. Avec Sully, il est aussi celui de sa propre histoire.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=nnM8aoJv-f8[/youtube]

[AVIS] Tu ne Tueras Point (2016) Mel Gibson

Synopsis:
Quand la Seconde Guerre mondiale a éclaté, Desmond, un jeune américain, s’est retrouvé confronté à un dilemme : comme n’importe lequel de ses compatriotes, il voulait servir son pays, mais la violence était incompatible avec ses croyances et ses principes moraux. Il s’opposait ne serait-ce qu’à tenir une arme et refusait d’autant plus de tuer.

4

10 ans après la sortie discrète de Apocalypto, l’acteur-réalisateur Mel Gibson nous revient derrière la caméra avec Tu ne tueras point. Derrière ce film au titre un tant soit peu christique se cache un véritable chemin de croix effectué par le cinéaste oscarisé de Braveheart. Lorsque le grand Mel lançait des propos jugés antisémites en 2006, il se retrouvait instantanément blacklisté et on n’entendait plus parler de lui… Victime collatérale de l’immense succès de Mad Max : Fury Road (saga dont il fut le héros durant les 3 premiers opus), le revoici dans la course – et pas n’importe laquelle : celle aux Oscars. Dans une lutte incessante pour la statuette dorée, Mel Gibson ne pourra compter que sur la qualité de son film – et non sur la présence de George Miller à la présidence du jury au Festival de Cannes, permettant (coïncidence!) la sélection Hors Compétition de Blood Father. Alors donc, Mel Gibson est-il bien de retour ?

Ni une, ni deux, soyons franc : Gibson a pris en âge et en maturité, et cela se ressent sur sa manière d’aborder le cinéma. Techniquement, Tu ne tueras point est une œuvre virtuose où l’esthétique de chaque scène époustoufle autant qu’elle sidère. Scénaristiquement, l’académisme prône et la prise de risque courbe l’échine. On se surprendra, ainsi, à deviner bien en avance les tenants et aboutissants des scènes à venir. Une paresse qui, tout autant qu’elle exprime quelque chose sur l’état actuel du cinéma américain « à statuette », nous fatigue et nous irrite.

Mais, au fond, le sujet du film n’est pas tant dans son fond que dans sa forme. Et en ça, Tu ne tueras pointest l’une des plus belles œuvres que l’on ait vues cette année. Quand Mel Gibson (re)déclarait son aversion pour le cinéma-écran-vert (en pointant du doigt Batman v Superman) et tandis qu’il insistait sur, selon lui, l’absence d’art dans les blockbusters hollywoodiens, on ne peut que remarquer qu’il fait office d’alternative. Avec un minimum de numérique, son film est une orgie visuelle : ses scènes de guerre rivalisent avec celles d’Il faut sauver le soldat Ryan – pourtant référence dans le genre. Ça explose de partout, ça saigne pour de vrai, ça pleure pour de vrai. Il se dégage de Tu ne tueras point l’impression d’avoir assisté à une expérience. Un véritable spectacle auquel nos émotions sont usées jusqu’à la moelle. On ressort épuisé du film, nos sens explosés. Mel Gibson réussit donc à capter ce qui fait le cœur du cinéma : non seulement divertir mais aussi nous faire ressentir l’émotion.

Des émotions qui passent aussi par les performances magistrales de son casting. En tête de liste, on retrouve un Andrew Garfield émouvant et ému. Dans la peau de ce personnage christique, il présente une palette de jeu très étendue, capable de nous faire pleurer dans un plan et rire dans celui d’après. Globalement, le reste du casting vient magnifier cette belle (mais naïve) histoire : d’une Teresa Palmerrenversante à un Sam Worthwington transformé jusqu’à un Vince Vaughn différent de ce qu’on connait de lui.

Ainsi, avec Tu ne tueras point, Mel Gibson signe un retour fracassant. Pas aussi risqué qu’on l’espérait, pas aussi différent des productions l’entourant, mais tout de même supérieur à une bonne partie des films de guerre récents grâce à une esthétique unique. Une intrigue académique mais une mise en scène électrique : un film parfait sur la forme, décevant sur le fond.

En privilégiant la forme sur le fond, Gibson signe un retour fracassant. Sublime mais académique.

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[AVIS] I.T. (2016) John Moore

Synopsis :
Mike Regan est un homme d’affaire puissant qui contrôle tout. Il possède tout ce dont on peut rêver : une femme et une fille superbes, une luxueuse maison ultra-connectée. Sa compagnie aérienne est sur le point de révolutionner le marché avec une nouvelle application digitale mais il doit à tout prix séduire de nouveaux investisseurs pour réussir. Tout est sur le point de s’effondrer quand  un bug informatique perturbe la présentation. 
Sans l’aide d’un jeune intérimaire surdoué, c’était l’échec. Mike lui offre un travail,  l’invite chez lui, lui présente sa famille… Puis tout bascule : la relation qui s’installe  se transforme rapidement en véritable cauchemar. Mike va perdre le contrôle de sa vie, les technologies qui l’entourent vont se retourner contre lui et sa famille. Piraté, traqué, menacé… Pourra-t-il sauver sa famille ?

1

Dans I.T.Pierce Brosnan est Mike Reagan, le dirigeant d’une compagnie de transport ultra-richissime et célèbre. Trop cool non ? Tout ce qu’on sait, c’est que la fameuse compagnie développe une application du type Uber… pour que la riche population puisse louer ses jets privés, et s’enrichir encore un peu plus. Et c’est à peu près tout. L’essentiel, c’est que Reagan est riche, puissant, et qu’absolument tout est à sa portée. Jusqu’à ce jour où, merde alors, son Powerpoint ultra-sophistiqué plante au cours d’une présentation. Surprise : Mike Reagan est un gros ignare en informatique, et c’est – évidemment – l’intérimaire qui le sauve. Un intérimaire qui – évidemment – est un gros geek psychopathe décidé à ruiner sa vie.

En plus simple : prenez tous les clichés les plus gros que vous pourrez trouver concernant l’informatique, les nouveaux moyens de communication, le hacking et les tarés, balancez le tout au mixeur, hachez violemment… et vous obtenez le scénario d’I.T. Un bon gros calvaire disponible « exclusivement en e-Cinéma », à grands renforts de publicité sur la grande chaîne nationale TF1, mettant en valeur son acteur vedette Pierce Brosnan.

Le truc, c’est que lui-même a l’impression de devenir trop vieux pour ces conneries. On le sent à côté de la plaque, le regard livide, dans un film qui compte avant tout sur son aura d’ex-James Bond mais dont le réel potentiel héroïque frise le néant absolu. Ce même si John Moore kiffe son acteur, vraiment. Le dernier plan, au ralenti, sublimant le regard bleu perçant de Brosnan envers sa screen girlfriend, avec une musique bien kitsch, relèverait presque du génie. Ce à quoi l’on s’attend forcément venant du réalisateur de Max Payne et Die Hard 4 !

Le néant, c’est ce qui caractérise tous les personnages du film, d’ailleurs. Reagan, en magnat de son domaine, ne connaît évidemment pas les noms de ses employés. Il vit dans une maison hyper-connectée dont il ne comprend pas grand chose, et calcule assez peu sa femme et sa fille. Enfin bon, quand ta fille de dix-sept ans est le stéréotype ultime de l’ado chieuse, ça se comprend : greffée à sa tablette, tout le temps en train de se plaindre que le WiFi est trop lent (non, on ne tolère pas « la WiFi » chez nous, navrés), et en pleine recherche de plaisir (il faut évidemment qu’elle veuille s’encanailler avec le fameux intérimaire).

Ed Porter, le fameux intérimaire (incarné par JamesFrecheville) est tout aussi hallucinant de médiocrité : puisqu’il est un geek/hacker/psychopathe (rayez la mention inadéquate), il vit forcément seul dans un appartement décrépi et sombre, dans lequel trônent environ six grands téléviseurs où s’affiche le résultat de ses expériences sur le dark oueb… et les photos de la jolie petite fille de Mike. Le tout sur un fond musical hyper grave/dark/electrotrash eurobeat, et la tête du mec aussi perturbante que celle de Morandini ouvrant ses mails après un casting. Gênant.

On prend peine à vouloir croire un seul instant à cette histoire ou même exprimer une quelconque empathie envers ses personnages – même à l’intervention de MikaelNyqvist (le héros de la saga Millénium) en super hacker/nettoyeur/deus ex machina (vu que Reagan n’est pas foutu de s’en sortir tout seul). Après tout, le hacking, c’est magique, alors pourquoi se compliquer la vie à faire un scénario sophistiqué ? I.T. n’est même pas plaisant à regarder tant il semble convenu et à la limite de la caricature. Autant se faire un bingewatching des deux saisons de Mr.Robot que de s’infliger ce film, à moins d’être un Brosniac pur et dur (on n’avait pas d’autres idées pour appeler les fans de Brosnan). On sait aussi à qui pourrait plaire le film : aux fans de TaylorSwift, parce que, guess what? Son frère joue dedans ! Oui oui ! Mais guess what? (numéro deux) Son rôle de troisième roue du carrosse auprès de Nancy, la fille Reagan, est aussi creux que le reste. C’est vraiment triste.

Rien à sauver dans ce thriller où même Pierce Brosnan cabotine, conscient de l’escroquerie dans laquelle il s’est lancé.

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[AVIS] Inferno (2016) Ron Howard

Synopsis :
Quand un violent ouragan s’abat sur sa ville natale de Floride, Hayley ignore les ordres d’évacuation pour partir à la recherche de son père porté disparu. Elle le retrouve grièvement blessé dans le sous-sol de la maison familiale et réalise qu’ils sont tous les deux menacés par une inondation progressant à une vitesse inquiétante. Alors que s’enclenche une course contre la montre pour fuir l’ouragan en marche, Haley et son père comprennent que l’inondation est loin d’être la plus terrifiante des menaces qui les attend…

3.5

Info : nous avons eu la chance de découvrir ce film lors d’une soirée exceptionnelle organisée par Sony. On vous en parle ici.

UNE SUITE ATTENDUE
Il y 10 ans, le cinéma se prenait une claque imposante. Issu d’une œuvre majeure dans la littérature du XXIème siècle, Ron Howard adaptait DaVinci Code. Un film renversant qui pointait du doigt une Église Catholique mafieuse et écroulée. Les années passent et Dan Brown continue d’écrire les aventures de Robert Langdon. Au total, quatre livres… et 3 films. Si on se demande encore dans quel carton s’est perdue l’adaptation du Symbole Perdu, l’équipe Ron Award / Dan Brown / Tom Hanks se retrouve pour Inferno.

Cette fois-ci, c’est la science – ou plutôt ses déboires – que dénonce Ron Howard en posant une simple évidence : nous sommes trop nombreux sur Terre. En 40ans, la population mondiale a doublé et le nombre d’espèces animales a été divisé … par deux ! Si l’on continue, nous manquerons de nourriture, de place, d’air, d’énergie etc. Bref, que faire ? Un milliardaire décide alors de créer un virus afin d’exterminer une partie de la population. Toute ressemblance avec Kingsman s’arrête là, car notre très estimé professeur Langdon rentre en scène. Avant de se suicider, ce milliardaire laisse au monde une énigme afin de retrouver le virus.

UN SUJET BRULANT
Dès le choix de son sujet, donc, Inferno passionne. Le film pose des questions brûlantes d’actualité, à l’heure où la planète s’épuise, où le réchauffement climatique commence enfin à faire réagir. Cependant, le film délaisse rapidement la philosophie et toute question rhétorique pour se concentrer – et cela se comprend – sur l’instantané de l’action. Dès lors, il ne s’agira plus que d’une course contre la montre effrénée à l’issue évidente dès la première minute (on est à Hollywood quand même!). Ainsi, ce qui aurait pu être une intrigue retorse et passionnante devient un thriller qui, s’il est efficace, déçoit de par son classicisme.

Si l’on enlève le fond, il ne reste donc plus que la forme. Et en ça, Inferno étonne. On surprend des gimmicks empruntés chez Greengrass dans la mise en scène de Howard. Le film s’en retrouve extrêmement découpé (sur le premier ¼ d’heure de film, on dénombre une moyenne d’un plan toute les secondes) et très … mouvementé. Si la caméra sur épaule se répend de plus en plus dans les films d’actions hollywoodiens, son usage ici reste contrôlé et utilisé à bon escient. L’imprécision du cadre vient métaphoriser la sensation de perdition de Langdon, qui se réveille avec un trouble de la mémoire. Par la suite, la mise en scène de Howard se fait très visible et rutilante. Elle impressionne et en fait des tonnes mais, étonnamment, on l’accepte. On l’accepte et on en redemande quand elle s’efface dans les séquences émotionnelles. En simple, elle fait le job sans surprendre.

UN CASTING HORS-NORME
De même que ses acteurs. Mais un Tom Hanks qui « fait le job sans surprendre » reste supérieur à la totalité des acteurs actuels. Encore une fois, on se surprend à pleurer à forts sanglots dès lors que Hanksaffiche son air triste, ou on se crispe quand on le sent en danger. Il brille donc toujours par son expressivité et ses émotions qui nous font croire au personnage. De même que Felicity Jones. Celle que l’on avait découvert dans Une merveilleuse histoire du temps et qui sera bientôt à l’affiche de Rogue Onebrille par une aura mysterieuse splendide. Enfin, notre Omar Sy national – dont le rôle a été tout spécialement converti en français pour le film- se débrouille bien.

En conclusion, Inferno n’est pas exceptionnel. S’il pose des questions importantes et intéressantes, il choisit de nous divertir. En ça il réussit, par une mise en scène efficace et sans répit !

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[AVIS] Doctor Strange (2016) Scott Derrickson

Synopsis:
Doctor Strange suit l’histoire du Docteur Stephen Strange, talentueux neurochirurgien qui, après un tragique accident de voiture, doit mettre son égo de côté et apprendre les secrets d’un monde caché de mysticisme et de dimensions alternatives. Basé à New York, dans le quartier de Greenwich Village, Doctor Strange doit jouer les intermédiaires entre le monde réel et ce qui se trouve au-delà, en utlisant un vaste éventail d’aptitudes métaphysiques et d’artefacts pour protéger le Marvel Cinematic Universe.

3.5

23e super-héros à rejoindre l’univers cinématographique Marvel, Doctor Strange arrive dans une machine qui tourne en équilibre. Si les chiffres sont au plus haut, le public commence à se lasser de cette usine de films aux budgets titanesques rembourrés de fan-service. Face à ce souci de lassitude, Marvel mise sur de nouveaux personnages, de nouveaux réalisateurs mais surtout sur des films de plus en plus spectaculaires. Doctor Strange est de ceux là.

Personnage méconnu du grand public, Doctor Strange est pourtant au centre de l’univers Marvel tel qu’on le connait et va rapidement prendre une place des plus importantes. Le film nous propose donc de nous plonger dans le personnage de Stephen Strange incarné par Benedict Cumberbatch, un neurochirurgien narcissique qui après un accident va partir en quête de spiritualité. Mais le docteur va rapidement devoir faire face à des menaces qui le dépassent. Ce nouveau Marvel va ainsi introduire toute une panoplie de magie et de notions métaphysiques, de quoi captiver le spectateur pendant une bonne partie du film. Visuel bluffant et psychédélique, le film est absolument à découvrir en 3D – Attention, certains spectateurs ont fait des malaises durant la projection.

Ça fait du bien de retrouver un nouveau personnage, de s’accrocher à un nouvel univers ! Scott Derrickson (Sinister, Le Jour où la Terre s’arrêta) apporte un peu d’air frais dans la team Marvel en proposant ce délire en partie psychédélique tant dans sa forme que dans son traitement. Mélange parfait de drame et d’humour, Doctor Strange est de ceux qui ont réussi à passer au travers de l’impersonnalité Marvel, tout comme les Gardiens de la Galaxie en 2014, assurant un divertissement solide et efficace. Cette réussite est due à l’univers synthétisée autour du film mais est aussi à Benedict Cumberbatch qui apporte toute la crédibilité et le charisme nécessaires au personnage. Si les négociations voyaient Joaquin Phoenix, Ethan Hawke, Tom Hardy, Édgar Ramírez, Ewan McGregor, Oscar Isaac, Matthew McConaughey, Jake Gyllenhaal, Jared Leto, Ryan Gosling, Keanu Reeves ou encore Colin Farrell dans le rôle du docteur, c’est finalement Cumberbatch qui l’emporta, choix payant étant donné les talents de l’acteur et son excellent jeu dans les traits de Stephen Strange. Accompagné par Tilda Swinton et Mads Mikkelsen, on ne trouvera que rarement mieux pour un film Marvel.

Doctor Strange est cependant rapidement rattrapé par le ton Marvelien. Intrigue qui vise finalement la facilité et personnages secondaires mis de côté, on en pense que pour Cumberbatch, ce qui ne déplaira pas à certains fans. Rachel McAdams souffre notamment de ce manque de présence et d’écriture de son personnage. Comparable à Natalie Portman dans Thor, l’actrice nous avait déjà préparés à mieux. Chiwetel Ejiofor n’est pas mieux placé. Il incarne ici le Baron Mordo, un personnage connu de l’univers Marvel mais totalement différent des comics. L’acteur nommé aux Oscars pour 12 Years a Slave s’enfonce dans un second rôle qui en plus d’une évolution un peu trop prévisible n’arrive pas à la cheville du talentueux Cumberbatch.

Deuxième partie légèrement maladroite, on prend tout de même une bonne dose de divertissement spectaculaire dans la tête. C’est finalement le grand vilain du film qui déçoit le plus, maladresse rapidement oubliée grâce à Cumberbatch et sa scène post-générique. Film sous le drapeau Marvel Studios, Doctor Strange n’en reprend que les grandes lignes, offrant au spectateur ce qu’il attend de ce genre de film tout en lui proposant ce qu’il veut voir : un minimum de création et d’originalité.

Loin d’un film de super-héros classique, Doctor Strange tente de s’offrir du renouveau dans l’ère Marvel et s’impose directement comme l’un des grands personnages et guide du futur de l’univers Marvelien.

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[AVIS] Moi, Daniel Blake (2016) Ken Loach

Synopsis:
Pour la première fois de sa vie, Daniel Blake, un menuisier anglais de 59 ans, est contraint de faire appel à l’aide sociale à la suite de problèmes cardiaques. Mais bien que son médecin lui ait interdit de travailler, il se voit signifier l’obligation d’une recherche d’emploi sous peine de sanction. Au cours de ses rendez-vous réguliers au « job center », Daniel va croiser la route de Katie, mère célibataire de deux enfants qui a été contrainte d’accepter un logement à 450km de sa ville natale pour ne pas être placée en foyer d’accueil. Pris tous deux dans les filets des aberrations administratives de la Grande-Bretagne d’aujourd’hui, Daniel et Katie vont tenter de s’entraider…

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Encore un film social. Moi, Daniel Blake n’apporte rien de très particulier sur nos grands écrans à l’heure où les difficultés du quotidien des citoyens lambdas sont de plus en plus pointées du doigt par le septième art. Mais il n’en reste pas moins très intéressant. Se pencher sur des réalités parfois tabous et souvent cachées par les politiques reste capital aujourd’hui. Malheureusement, en tant que spectateur, si on porte un minimum d’attention aux journaux et reportages, on connait déjà par cœur le message délivré par Moi, Daniel Blake. Oui il n’est pas facile de manger à sa faim pour tout le monde. Oui c’est une atrocité face à laquelle les administrations ne sont peu, voire vraiment pas compétentes. Il faut alors vite comprendre que la motivation principale pour aller voir ce film, ce sont les acteurs et la réalisation. Moi, Daniel Blake est d’une humanité débordante.

On y découvre Dave Johns. Il possède un jeu extrêmement simple, mais c’est là que réside sa plus grande qualité : l’acteur a tout du monsieur tout le monde. Il ne surjoue rien, il est d’un naturel effarant et en lui, on reconnait dès les premières minutes un homme bon, honnête et altruiste. Son physique est lui aussi très simple, de son costume à la façon d’être coiffé. Il incarne parfaitement l’inconnu croisé dans la rue, dont la vie est basique. Mais en plus de cela, Dave Johns est touchant. Il apporte à la dimension sociale du film, toute une fraternité naturelle avec son prochain.
Cette description est tout aussi valable pour le second rôle de Moi, Daniel Blake Hayley Squires. Elle aussi est une belle découverte. Au sein du film, son profil est assez différent de celui de Daniel Blake, mais tout aussi poignant. Surtout tout aussi dramatique.
Ensemble, ils portent le film. Ils fondent un duo en parfaite cohésion. A travers ce binôme transpire la sincérité, le respect mutuel, l’envie d’aider et l’envie d’aimer. Ces deux inconnus créent presque naturellement une relation père/fille extrêmement forte. Leurs interprétations, loin d’être pathétiques, sont absolument bouleversantes.
Pour mettre en lumière ces deux nouveaux talents du grand écran, Ken Loach a recourt à des techniques cinématographiques très simple, à l’instar du profil de chaque personnage. Lumières naturelles ou imitant le naturel, pas de musique d’ambiance lors de scènes quasi tragiques. Aucune folie, aucun surplus, bien au contraire. Les décors sont tantôt épurés pour mettre en évidence le vide des finances des personnages, tantôt très désordonnés. Cela souligne aussi la situation embrouillée et instable de la vie de ces protagonistes.

La réalisation de Ken Loach est mise en scène est assez travaillée pour se différencier d’un documentaire. Pour alléger certaines situations, des séquences sont remplis de comique de répétition. Notamment lors de circonstances connues de tous les spectateurs. Ainsi, la musique d’attente d’un standard administratif va être entendue pendant plusieurs minutes. L’attente est vécue par les spectateurs. Ils regardent Daniel Blake croire qu’à tout moment, la sonnerie va donner lieu à une interaction avec un correspondant, mais à chaque fois, rien au bout du fil. Une situation tout à fait loufoque. Loufoque, certes, mais dramatique avant tout puisque Ken Loach fait en sorte que le spectateur n’oublie jamais une chose : chaque minute passée est du temps de perdue avant que la maladie de Daniel Blake ne s’aggrave. La tragédie de son destin est présente tout au long du film mais elle est parfois traitée de manière à égayer le public. Comme un patient très malade se force à sourire alors même qu’il sait que son destin est tracé.
Point noir du film : les figurants ! Peut-être n’est-ce qu’un détail, mais dans Moi, Daniel Blake, ils font baisser largement la crédibilité du message. Ils ne sont absolument pas naturels et apportent de la lourdeur à certaines scènes plus qu’importante.
Dans Moi, Daniel Blake, beaucoup de notions telles que le sacrifice pour l’autre, l’altruisme ou encore la compassion sont mises en avant. Le film est globalement beau par la sincérité du message apporté avec efficacité par Ken Loach. Malheureusement, hormis une mise en scène efficace et des acteurs très bons (ce qui n’est pas rien !), Moi, Daniel Blake ne nous ouvre pas les yeux sur quelque chose de nouveau. La précarité et les difficultés sociales et administratives ne sont, fâcheusement, pas d’aujourd’hui. Un sujet remué des dizaines et des dizaines de fois.

Moi, Daniel Blake est une jolie réussite mais le sujet a déjà été traité de nombreuses fois. Aucune grande découverte à part de bons acteurs.

 

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[AVIS] Les Trolls (2016) Mike Mitchell & Walt Dohrn

Synopsis:
Connus pour leur crête de cheveux fluos et magiques, les Trolls sont des créatures délirantes et joyeuses et surtout les rois de la pop. Mais leur monde d’arcs-en-ciel et de cupcakes est changé à jamais lorsque leur leader Poppy, accompagnée de Branche et tous ses amis, doit se lancer dans une mission de sauvetage qui l’entraînera loin de ce petit paradis.

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Excepté Shrek (qui aura normalement droit à une sorte de suite/reboot dans les années à venir) ou Dragons (décliné en série sur Netflix en attendant un troisième volet), force est de constater que les équipes de Dreamworks ont toujours du mal à faire de leurs films d’animation quelque chose de réellement fédérateur et dont on se souvient des années après leur sortie, contrairement aux ténors du genre que sont Disney et – désormais – Illumination et ses Minions. Après Rihanna et Jennifer Lopez l’an dernier pour En route, les studios continuent à « starifier » leurs projets en faisant cette fois-ci appel à Justin Timberlake (qu’on ne présente plus) et Anna Kendrick (qui poussait déjà la chansonnette dans Pitch Perfect) dans Les Trolls. Un film qui se veut plein de joie et de bonne humeur, à l’image de ces petits héros, qui passent leur temps à chanter, danser, se faire des câlins et balancer des paillettes partout entre deux séances de scrapbooking. Est-ce suffisant pour faire des Trolls l’un des films d’animation marquants de l’année, face aux très acclamés Ma vie de Courgette et La Tortue rouge ?

Chez les Trolls, en effet, ça chante beaucoup. À tel point que l’on pourrait presque frôler l’indigestion dès le début du film, où Poppy et ses amis enchaînent les tubes dans un medley pétaradant (et pendant lequel Anna Kendrick a droit à un petit clin d’œil à son passé de chanteuse a capella). Mais l’indigestion est bel et bien souhaitée, et à l’origine du confinement de Branche, le seul petit troll qui semble bien décidé à faire la gueule tous les jours et à fuir ce monde aux couleurs flamboyantes. Bref, tout l’opposé de la ville des Bergen, ennemis jurés des Trolls, où tout est – globalement – immonde, sale et repoussant. Leur objectif : manger ces fameux Trolls pour prétendre accéder au bonheur.

L’intrigue des Trolls n’a pas grand chose de bien original : un trop plein de chansons qui tourne mal, une banale histoire de sauvetage, et un message plutôt facile sur la manière dont tout un chacun peut être heureux. Et pourtant, ce nouveau film Dreamworks parvient tout de même à faire passer un agréable moment, grâce à sa bande originale entièrement composée de grands classiques de la chanson anglophone. De Bonnie Tyler à Justice, en passant par Lionel Richie, la musique est bien souvent utilisée au service des gags. Le personnage de Bridget, incarné par Zooey Deschanel dans la version originale, est sûrement le plus attachant et le plus drôle du film. Bergen harcelée et méprisée par son prince et ses supérieures, elle cultive ses amours secrètes en chantonnant dans sa chambre, parfait stéréotype de l’ado en plein chagrin d’amour.

Culture anglophone donc… ce pourquoi nous avons eu la chance de voir le film dans sa version originale. En français, le doublage des Trolls est assuré par deux stars montantes et en vogue auprès du jeune public : Louane et M. Pokora. Une aubaine pour la promotion de ce dernier, qui vient tout juste de sortir son album de reprises de Claude François ! Quant à Louane, la chanteuse profite de son élan après son César du meilleur espoir féminin pour son rôle dans La Famille Bélier. Il aurait peut-être été plus judicieux et osé de profiter du travail de traduction pour utiliser des chansons françaises, plutôt que de chanter simplement les pistes utilisées dans la VO. Heureusement, quelques titres comme The Sound of Silence ont pu être épargnés… et tant mieux !

L’essentiel, c’est que Les Trolls constitue un agréable divertissement, que ce soit pour le jeune public ou pour les parents, mais de là à devenir une nouvelle franchise, disons… bof. Ce premier film se suffit à lui même, malgré quelques beaux moments (les passages en scrapbooking de Poppy, son exploration du monde, la scène finale). Le message du film, bien qu’assez facile, reste tout de même très important à entendre dans les temps troublés que nous vivons.

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