Category 2017

[AVIS] Seuls (2017) David Moreau

Synopsis:
Leïla, 16 ans, se réveille en retard comme tous les matins. Sauf qu’aujourd’hui, il n’y a personne pour la presser. Où sont ses parents ? Elle prend son vélo et traverse son quartier, vide. Tout le monde a disparu.  Se pensant l’unique survivante d’une catastrophe inexpliquée, elle finit par croiser quatre autres jeunes : Dodji, Yvan, Camille et Terry. Ensemble, ils vont tenter de comprendre ce qui est arrivé, apprendre à survivre dans leur monde devenu hostile… Mais sont-ils vraiment seuls?

3.5

Alors là ! Quel véritable plaisir de commencer l’année sur un film français aussi bon et qui se projette comme étant un petit blockbuster dans l’hexagone ! Ce qui fait du bien également, c’est la façon qu’a eu le réalisateur David Moreau à réaliser Seuls, sans en adapter à la lettre les bandes dessinées. Il s’inspire du premier cycle comportant les 5 premiers tomes de Gazzotti et Vehlman.

David Moreau reprend alors des idées pour faire une œuvre plus personnelle mais qui garde toujours l’esprit et l’ingéniosité de Seuls. On a tous rêvé étant petit d’un monde sans nos parents où l’on pourrait faire ce que l’on veut quand bon nous semble. A la vue de Je suis une Légende avec Will Smith, on s’est dit que finalement l’idée n’était pas terrible. Avec Seuls l’idée de vivre sans parents est intrigante, mais les problèmes montent crescendo par la suite rendant le film dramatique avec sa part de fantastique. Seuls peut être interprété de bien des manières pour le spectateur. A la limite du purgatoire, ou encore d’une envolée onirique dont les sujets ne se réveillent jamais, Seuls est l’exemple même du film complexe avec en premier plan un scénario facile à comprendre pour tous. Et bien des thèmes sont traités dans ce film, avec d’un côté les protagonistes et de l’autre les lieux.

La référence au purgatoire se fait avec l’affiche du film – mais aussi dans la bande-annonce – avec un épais brouillard qui envahit un Paris remodelé pour le film. Un brouillard assez similaire à celui vu dans la série Lost et qui dans la vision religieuse représente des âmes qui ont besoin d’aide pour atteindre le Ciel. L’appui religieux se conclut avec la présence d’une église où se retrouvent les protagonistes, montrant ainsi la force du scénario. Seuls est un film qu’il faudrait analyser scène par scène tellement David Moreau en a tiré le meilleur de la bande dessinée sans en faire un mauvais potage. On ne s’ennuie pas une fois dans ce film. On ne tombe pas dans un film « bête » qui ne sert qu’à faire plaisir aux fans par exemple ou encore dans un film facile qui conclurait son histoire d’une façon basique comme bon nombre d’autres films l’auraient fait.

Les adolescents et protagonistes de Seuls, se complètent entre eux grâce à leur savoir, leur différence et leur personnalité. Leur adaptation dans un monde hostile se fait rapidement montrant ainsi la capacité d’adaptation de l’être humain, et cela malgré les différents caractères et grâce au monde dans lequel ils ont grandi et évolué. Un monde qui n’a cessé de progresser dans le domaine de la technologie et qu’on retrouve par le biais d’un personnage. Moment de nostalgie, le club des cinq refait surface ! Ce club est involontairement mené par Leïla (Sofia Lesaffre) qui a un tempérament de leader malgré sa fragilité. Affectée énormément par le fait de ne plus avoir sa famille et surtout son grand frère, le personnage de Leïla est celui qui gagne le plus en maturité dans le film. Sorte d’élue dans ce monde, elle est une jeune femme forte, intelligente et d’une véritable gentillesse. Stéphane Back, qui incarne Dodji, est un peu le protagoniste de la bande dessinée. Ici, il est plus en recul mais garde une importance cruciale dans le déroulement du film. Il est le détonateur qui permet à Leïla de comprendre le monde qui l’entoure. Les autres personnages sont assez stéréotypés, mais la diversité qui les entoure forme un mystère sur lequel se base le film.

On est yeux grands ouverts dans cette adaptation française aux allures américaines, avec une photographie très bien travaillée et des plans (notamment dans le parc d’attraction) riches en couleurs. L’ambiance est bien plus sombre que dans la BD, la raison aussi aux personnages qui sont ici plus âgés.

Quelques longueurs se retrouvent dans cette adaptation de Seuls, rien n’est parfait mais la manière dont David Moreau réussi à nous captiver et à prendre des risques est excellente.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=w5B6thzXBaI&frags=pl%2Cwn[/youtube]

[AVIS] Insiders (2017) Daniel Calparsoro

Synopsis:
Pete, braqueur réglo et très pro, se lance avec cinq de ses hommes sur un gros coup : le casse d’une grande banque internationale. Ils doivent maîtriser une dizaine d’otages et vider un maximum de coffres-forts avant de s’échapper par un tunnel souterrain. Mais l’opération se complique lorsqu’ils réalisent que leur unique voie de sortie est inondée. Pris au piège de cette forteresse, les braqueurs finissent par découvrir que l’un des coffres renferme bien plus que de l’argent. Et si leur mystérieux commanditaire ne leur avait pas tout dit ?

3

Succès Espagnol au box office, Insiders s’offre une sortie Direct To Vidéo en France. On pourrait s’attendre à un film d’action bien sombre pourtant Insiders reste un film de braquage, un thriller comme on les aime mais déjà vu de multiples fois.

Les films de braquage on commence à connaître! Si Ocean’s 11 avait marqué le genre, on a eu droit à de nombreux films qui tentaient l’originalité. Braquage à l’italienne, The Town ou encore Heat, tous avaient tenté de renouveler le genre avec plus ou moins de succès. Insiders n’essaye pas d’emprunter sa propre voie mais se rattache à beaucoup de films comme notamment Braquage à l’anglaise. Une impression de déjà vu donc mais qui nous empêche pas de prendre un malin plaisir à découvrir le film même si tout reste assez téléphoné.

Téléphoné peut être mais Insiders reste avant tout un film de braquage et là on est servi. Ambiance sombre et pesante le film est mené essentiellement par un casting charismatique au duo de tête très prenant. Luis Tosar et ses deux Goya de meilleur acteurndlr Prix Espagnol équivalent aux César aperçu dans  Miami Vice : Deux flics à Miami et Rodrigo De la Serna acteur argentin qui a beaucoup tourné en télé mènent la bande de la meilleure des manières! Film à voir d’ailleurs en voix originales en vue de la qualité de jeu. Mais voilà le jeu et l’ambiance ne font pas tout d’un film et le scénario bien que parti sur de bonnes voies se refroidit en traînant en longueurs et en répétitions. Les quelques incohérences et baisses de rythme se font rapidement oublier par les décors et la photographie de qualité signée Josu Inchaustegui, l’apprenti de Javier Aguirresarobe, grand chef opérateur espagnol (Twillight II, Finest Hours, Vicky Cristina Barcelona). Ainsi le film reste un film de braquage de très bonne facture !

Bien mené dans l’ensemble le film se laisse regarder très agréablement, proposant un thriller braquage centré sur le casse en lui même et pas sur sa préparation. Petite touche espagnole en plus pour le côté original, le film vous entraîne dans son engagement malgré ses longueurs.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=C89qvUkbIbM[/youtube]

[AVIS] Quelques minutes après minuit (2017) Juan Antonio Bayona

Synopsis:
Conor a de plus en plus de difficultés à faire face à la maladie de sa mère, à l’intimidation de ses camarades et à la fermeté de sa grand-mère. Chaque nuit, pour fuir son quotidien, il s’échappe dans un monde imaginaire peuplé de créatures extraordinaires. Mais c’est pourtant là qu’il va apprendre le courage, la valeur du chagrin et surtout affronter la vérité…

4.5

L’année 2017 commence vraiment bien pour le 7ème art. Alors qu’on vous parlait de Tous en Scène – nouveau film d’animation d’Illumination Studio – un second film a attiré notre attention aussi bien par son univers féerique et onirique que par son univers intimiste. Juan Antonio Bayona est le réalisateur de ce merveilleux conte qui s’intitule « Quelques minutes après minuit » et qui, par négligence ou par manque de jugeote, n’a pas été nommé aux Golden Globes 2017 – tout comme Silence de Martin Scorsese d’ailleurs.

Le film est adapté du roman du même nom que Patrick Ness,  un romancier anglo-américain qui a travaillé sur le scénario de la saison 1 de Class (spin-off de Doctor Who) mais également sur la série de romans « Le chaos en marche ». Pour la petite histoire, l’idée de Quelques minutes après minuit ne vient pas de Ness mais de l’imagination de Siobhan Dowd, une romancière de littérature de jeunesse décédée des suites d’un cancer en 2007.

Conor (Lewis MacDougall) bei der Direktorin seiner Schule (Geraldine Chaplin)

Aussi touchante soit-elle, Juan Antonio Bayona émerge une fois de plus dans le quotidien familial d’un enfant et de sa famille qui se décompose au fil du temps. Comme pour The Impossible, le réalisateur joue carte sur table avec un jeune talent du nom de Lewis MacDougall – qui apparaît brièvement dans Pan. Le jeune garçon, du nom de Conor dans le film, s’échappe dans un monde de rêve et d’étrangeté pour prendre conscience de la situation difficile dans laquelle il vit. Entre une mère atteinte d’un cancer (Felicity Jones), une grand-mère stricte et froide (Sigourney Weaver), un père absent (Toby Kebbell) et des camarades qui s’en prennent à lui, le jeune garçon se crée un cocon imaginaire où il s’évade la nuit. C’est un véritable monde onirique qui se crée et que partage J.A Bayona avec le spectateur. Ce dernier instaure une fêlure dans le scénario ce qui va permettre à Conor de voir le monde qui l’entoure différemment, et cela par le biais d’histoires racontées par un monstre géant venu de son imaginaire. Les histoires sont retranscrites à l’écran par un monstre géant qui porte la voix de Liam Neeson et par des dessins à l’aquarelle qui créent un véritable univers graphique et rendent le film poétique, tendre, mais également complexe. Le monde insouciant de l’enfance se heurte aux problèmes d’adultes, offrant un final douloureux et des scènes émouvantes.

La destruction familiale est fortement présente dans le film comme pour L’Orphelinat et The Impossible. Quelques minutes après minuit instaure un scénario des plus complexes ce qui conduit le spectateur à s’interroger. Personne n’est ni bon ni gentil, telle est la délicatesse du message qui émane du film.

Quelques minutes après minuit est un véritable conte féerique et onirique. Le film le plus émouvant de ce début d’année.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=kzHgJvvnCb8&frags=pl%2Cwn[/youtube]