Apollo 10½ : Les fusées de mon enfance (A Space Age Childhood)
Réalisation : Richard Linklater
Scénario : Richard Linklater
Avec : Milo Coy, Jack Black, Glen Powell, Zachary Levi...
Photographie : Shane F. Kelly
Distribution : Netflix
Durée : 1h37min
Genre : Animation, Aventure
Date de sortie : 1er Avril 2022
En juillet 1969, la mission Apollo 11 crée l’évènement dans le monde entier. À Houston, un jeune garçon suit également l’évolution du voyage des astronautes vers la Lune et s’imagine lui aussi vivre des aventures intergalactiques.
A l’heure où le cinéma semble être en danger, les cinéastes qui ont plus ou moins marqué le cinéma et en passe de franchir la soixantaine tentent de nous redonner goût au septième art avec ce qu’ils ont de plus sincère. C’est dans ce contexte que ces grands réalisateurs se prêtent au jeu de l’introspection; de Quentin Tarantino avec son Once Upon a Time Hollywood (2019) en passant par Paul Thomas Anderson avec Licorice Pizza (2021), ou encore Alfonso Cuarón avec Roma (2018) sortie sur Netflix.
Une plateforme que Richard Linklater, primé de deux ours d’argent du meilleur réalisateur, a choisi pour diffuser son film introspectif Apollo 10½ : Les fusées de mon enfance. Un film qu’il a imaginé en animation comme ses films Waking Life (2001) et A Scanner Darkly (2004) en utilisant le procédé de rotoscopie. Un procédé qui consiste à tourner en image réelles, détourer les personnages et les retravailler en dessinant par dessus. Une technique qu’il maîtrise ici à la perfection après ses essais plus ou moins concluants sur ces précédents films.
Dans Apollo 10½ : Les fusées de mon enfance, les prises de vues réelles ne se ressentent plus, laissant place à une sublime animation où certains acteurs restent cependant bien reconnaissables. Si on entend la voix de Jack Black et Glen Powell en V.O. on peut aussi reconnaître Zachary Levi à l’écran.
On redécouvre l’Amérique avec un grand A à travers les yeux d’un enfant de Houston, émerveillé par la conquête spatiale. Ce regard innocent et curieux sur une époque charnière permet à Linklater de transmettre une nostalgie palpable, avec une sincérité touchante. Le film ne se contente pas de revisiter les grands événements de l’époque; il plonge aussi dans les détails du quotidien, ceux qui façonnent les souvenirs d’enfance et qui résonnent universellement.
La sincérité du propos est au cœur d’Apollo 10½. Comme s’il nous guidait dans un voyage dans le temps, Linklater avec narration douce et ses dialogues authentiques, nous ramène à une époque où les rêves étaient grands et les possibilités infinies. La rotoscopie, en plus de sa beauté visuelle, sert ici à renforcer cette impression de souvenirs légèrement flous mais intensément colorés par l’émotion. Le procédé transforme le film en une sorte de journal intime visuel, où chaque scène semble être une page arrachée du passé, pleine de vie et de nostalgie.
Cette nostalgie n’est pas seulement personnelle à Linklater, mais elle résonne également avec le public. Elle rappelle une époque où l’innocence et l’émerveillement étaient des réactions naturelles face aux grandes avancées humaines, comme la mission Apollo 11. Les spectateurs peuvent se retrouver dans les souvenirs d’enfance, se rappeler de leurs propres rêves et de ce sentiment d’excitation face à l’inconnu. On redécouvre la conquête spatiale avec des yeux d’enfants.
Cependant, Linklater nuance habilement ce propos à travers son regard d’adulte. En revisitant ces souvenirs avec la sagesse et l’expérience de ses années, il apporte une réflexion plus profonde sur les changements sociétaux et technologiques, ainsi que sur la manière dont ces événements ont façonné non seulement sa génération, mais aussi les suivantes. Ce double regard – celui de l’enfant émerveillé et de l’adulte réfléchi – enrichit le récit, offrant une perspective équilibrée qui rend le film d’autant plus poignant et universel.
Avec Apollo 10½ : Les fusées de mon enfance, Richard Linklater nous rappelle que le cinéma peut être un moyen puissant de voyager dans le temps, de revivre des émotions passées et de connecter les générations à travers des histoires universelles.