Big Eyes Réalisation : Tim Burton Scénario : Scott Alexander et Larry Karaszewski Avec : Amy Adams, Christoph Waltz, Krysten Ritter, Jason Schwartzman... Photographie : Bruno Delbonnel Musique : Danny Elfman Distribution : StudioCanal Durée : 1h47 min Genre : Biopic, Drame Date de sortie : 18 Mars 2015

BIG EYES raconte la scandaleuse histoire vraie de l’une des plus grandes impostures de l’histoire de l’art. À la fin des années 50 et au début des années 60, le peintre Walter Keane a connu un succès phénoménal et révolutionné le commerce de l’art grâce à ses énigmatiques tableaux représentant des enfants malheureux aux yeux immenses. La surprenante et choquante vérité a cependant fini par éclater : ces toiles n’avaient pas été peintes par Walter mais par sa femme, Margaret. L’extraordinaire mensonge des Keane a réussi à duper le monde entier. Le film se concentre sur l’éveil artistique de Margaret, le succès phénoménal de ses tableaux et sa relation tumultueuse avec son mari, qui a connu la gloire en s’attribuant tout le mérite de son travail.
On l’attendait au tournant notre cher Tim Burton. Après nous avoir plus ou moins déçus à plusieurs reprises dernièrement, le réalisateur se rattrape bien avec Big Eyes.
Le biopic applique les codes du genre de manière assez basique, mais les thèmes abordés tout au long du film sont très intéressants. On y retrouve des questions sociales comme la situation des femmes dans les années 50 et 60 par rapport à la domination de leur mari, ou encore les complications qu’entrainent l’arrivée d’un beau-père dans une relation mère/fille. D’autres thèmes, comme l’industrialisation ou la modernisation de l’art à cette période, sont des sujets sur lesquels Tim Burton a apparemment souhaité se pencher avec attention. En abordant ses thèmes, le réalisateur ne nous laisse pas passif devant la vie d’une artiste qui nous était inconnue jusqu’alors pour la majorité d’entre nous, et il a bien fait !
Le film est prenant, mais il manque clairement de rythme. La quasi-totalité des plans sont des plans fixes qui s’alternent, et ça, ça nous endort ! Mais faisons preuve de bonne foi, et admettons qu’il est difficile de filmer des peintres en pleine activités et que cela soit vraiment dynamique. On excuse alors Tim.

Niveau casting, Big Eyes marque un point. Walter Keane, interprété par Christoph Waltz, passe en un clin d’œil du tendre romantique au mythomane perfide devant Margaret Keane (jouée par Amy Adams), tout en manipulant parfaitement avec ses airs enjôleurs le reste des acheteurs de tableaux. Margaret le décrit à un moment comme étant « Jeckyll and Hyde », et Waltz joue très bien ce dédoublement de personnalité. Quant à Amy Adams, difficile de voir une autre actrice tenir ce rôle. Tout simplement elle interprète Margaret Keane comme il faut ! De plus, son physique est en parfaite cohésion avec la personnalité de son personnage : fragile aux premiers abords, fascinante, surprenante, et avec des yeux bleus captivants qui ne pouvaient qu’être ceux qui représentent Big Eyes.
Avec ce film, Tim Burton nous insurge un nouvel air, ça fait du bien, et il était temps ! On retrouve la patte du réalisateur dès le début du film, lorsqu’on se retrouve à flâner dans les rues d’un quartier pavillonnaire aux couleurs pastels qui nous rappelle sans détour celui d’Edward aux mains d’argent. On aime les paysages parfaitement taillés et tondus à la Burton, on aime les coiffures sans un cheveu qui dépassent, on aime retrouver ces petites choses qui nous rappelle les bons films du réalisateur.
Même si certains moments sont un peu plats, Big Eyes donne un coup de fouet aux œuvres de Tim Burton qui commençaient à s’essouffler.