Le Daim Réalisation : Quentin Dupieux Scénario : Quentin Dupieux Avec : Jean Dujardin, Adèle Haenel, Albert Delpy, Panayotis Pascot Photographie : Quentin Dupieux Musique : Mychael Danna Distribution : Diaphana Durée : 1h17min Genre : Comédie Date de sortie : 19 Juin 2019
Georges, 44 ans, et son blouson, 100% daim, ont un projet.
Après sa comédie en huit clos Au Poste, Quentin Dupieux revient à son cinéma de l’absurde qu’on aime tant avec Le Daim. Si le synopsis officiel reste peu évocateur il est difficile de parler du film sans vous en gâcher la saveur. Mais une chose est sûr, les amateurs du cinéma Dupieux seront servis ! Pour les autres, attendez vous à un étrange trip des plus plaisants.
Présenté en ouverture de la 51e Quinzaine des réalisateurs à Cannes, Le Daim marque la première invitation cannoise pour l’autodidacte qu’est Quentin Dupieux. Si certains le connaissent sous son pseudo musical Mr. Oizo, d’autres l’aiment pour son univers cinématographique marqué, parfois loufoque et transpirant d’absurdité. Un réalisateur qui s’amuse et qui se permet des films que peu d’autres oseront. Avec Le Daim il raconte l’histoire de George (Jean Dujardin) obsédé par son manteau en daim. S’en suivra une aventure étonnante, parfois détonant mélange de genre où le manteau finira même par devenir une facette du personnage à part entière.
Seul Dupieux sait aussi bien personnifier les objets. Après son pneu tueur dans Rubber, il filme ici le manteau en Daim comme un personnage que Jean Dujardin adule. Mais pour la première fois le réalisateur conserve un côté réaliste inédit dans sa filmographie. Habitué d’un côté absurde hors du réel, il s’ancre ici dans l’absurde dans le réel et offre un visage à la folie. Hors de ses trucages habituels il fait de George (Jean Dujardin) un personnage qui a déjà bien déraillé, un fou dans notre monde, comme un personnage que l’on pourrait rencontrer au coin de sa rue.
Un personnage que Jean Dujardin s’est parfaitement approprié, brisant encore une fois les débats sur sa légitimité dans le haut du panier français. L’acteur au style de malade tient le film du haut de ses bottes en daim accompagnant son manteau et parfois Denise (bien interprétée par Adèle Haenel) dans son aventure schizophrénique sans en comprendre le glissement. Une volonté de Dupieux qui hors des sentiers battus voulait faire du film un face à face à la folie.
Evidemment, un film de Dupieux n’est jamais dans les normes et se permet de nombreuses volées dans l’absurde et le dépaysement. Comme Denise (Adèle Haenel) au cours du film on se demande même parfois où il veut en venir avec son film. Une sorte de mise en abyme de la question, qui se justifie par la ressemblance physique entre George (Jean Dujardin) et Quentin Dupieux. Mais le film saura vous surprendre ! Et Dupieux met tout en oeuvre pour ne jamais vous laisser transpercer le secret de son personnage. L’arrière plan prend ainsi une place importante comme le premier plan du film où le sujet (Jean Dujardin) est flou tandis que le reste moins intéressant est net. A l’inverse, les actions importantes passent inaperçues. Comme si la folie de Jean Dujardin brouillait les pistes de la mise en scène.
On retrouve également dans le film la passion de Dupieux pour l’analogique et les vieux écrans, comme pour marquer une intemporalité. Tout est mis en oeuvre pour ne pas comprendre le personnage de Jean Dujardin mais pour se laisser guider dans cette aventure peu commune et parfois drôle. Mais attention, Le Daim n’est pas une comédie ! C’est un film hybride mélange de genre, du Dupieux dans toute sa splendeur à l’image de sa musique qui, dans le film surprend, étonne mais joue un rôle essentiel.
Un film court, minimaliste dont le message est clair ! Tout le monde peut faire des films. Il vous suffit d’une camera et de quelques idées. Une mise en abyme du cinéma qui plaira aux fans de Dupieux mais dépaysera totalement les autres. Pas le meilleur de sa filmographie mais un retour aux sources qui fait plaisir après Au Poste et surtout un retour à son cinéma dont on attend la suite avec impatience.
Restez jusqu’au bout du générique !