[AVIS] Le Diable, tout le temps (2020) Antonio Campos

Le Diable, tout le temps (The Devil All The Time)
Réalisation : Antonio Campos
Scénario : Antonio et Paulo Campos
Avec : Tom Holland, Mia Wasikowska, Robert Pattinson, Sebastian Stan, Bill Skarsgård, Haley Bennett...
Photographie : Lol Crawley
Compositeur :  Danny Bensi et Saunder Jurriaans
Distribution : Netflix 
Durée : 2h38 min
Genre : Thriller Psychologique
Date de sortie : 16 Septembre 2021 
Affiche du film Le Diable, tout le temps

Knockemstiff, Ohio. Face à sa femme mourante, un homme désespéré, Willard Russell, tente le tout pour le tout. Il se tourne vers la religion. Ses prières vont petit à petit s’apparenter à des sacrifices dont Arvin, le fils du couple, pourrait être l’offrande ultime…

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Le Diable, tout le temps est un film réalisé par Antonio Campos (Christine, Simon Killer…), sorti directement sur Netflix le 16 septembre 2020. Avec son casting alléchant et Jake Gyllenhaal à la production il fait partie de ces films que la plateforme met en avant s’imposant de plus en plus comme une major à part entière.

Adapté du roman homonyme de Donald Ray Pollock, le film se déroule dans les zones rurales de l’Ohio et de la Virginie-Occidentale, entre la fin de la Seconde Guerre Mondiale et le début des années 60. La reconstitution de la période est minutieuse, les décors et les costumes donnant à l’ensemble une forte impression d’authenticité. 

La construction du film est réussie, grâce à des transitions habiles pour marquer le passage du temps, et la progression de la violence qui gangrène la société jusque dans la police (Sebastian Stan connu pour son rôle du Soldat de l’Hiver chez Marvel incarne ici de manière peu inspirée un shérif corrompu), et l’Église : on y retrouve Robert Pattinson, à contre-emploi et à la limite du cabotinage, dans un rôle de pasteur lubrique qui se sert de son statut pour abuser de (très) jeunes fidèles.

Il est d’ailleurs étonnant de remarquer que pour incarner l’Amérique profonde, des acteurs majoritairement étrangers ont été choisis. Britannique comme Pattinson, Tom Holland livre une performance un peu terne, sans doute peu aidé par un personnage mutique et relativement peu développé. Plus haut en couleur, le duo de meurtriers incarnés par Jason Clarke (Zero Dark Thirty) et Riley Keough (Under the Silver Lake) attire d’abord l’attention, mais peine à rester captivant sur la durée : plus que les personnages eux-mêmes, le plus intéressant dans le film reste la façon dont leurs trajectoires se croisent, dont le destin se met en place, et dont la violence trouve son chemin.

Image du film Le Diable, tout le temps
Robert Pattinson est Preston Teagardin

L’affrontement constant au cours du film entre le Bien et le Mal est matérialisé de manière très réussie par la musique, qui alterne entre morceaux d’époque doux et mélancoliques (souvent intradiégétiques, écoutés par les personnages à la radio), et les compositions inquiétantes et lancinantes de Danny Bensi  et  Saunder Jurriaans.   

On pourrait dire que Le Diable, tout le temps a de bons ingrédients, mais que la recette finale est un peu fade. S’il se suit sans déplaisir, il semble manquer d’audace pour véritablement embarquer le spectateur. Le film a cependant l’intelligence de ne pas sombrer dans le manichéisme bête et méchant ; certains personnages sont plus nuancés que d’autres, et ont des motivations plus complexes que la simple volonté de faire le mal. Pour certains, la violence est une réponse à l’injustice, une alternative à la prière qui ne fonctionne pas, quand l’inaction de Dieu laisse le champ libre au Diable. Pour d’autres, il s’agit simplement de survie. À la manière d’un western, celui qui survit est bien souvent celui qui tire le premier, ou le mieux :
Le Diable tout le temps, mais surtout, le Diable partout.