[AVIS] Sound of Metal (2020) Darius Marder

Sound of Metal
Réalisation : Darius Marder
Scénario : Abraham Marder et Darius Marder
Avec : Riz Ahmed, Olivia Cooke, Paul Raci, Lauren Ridloff, Mathieu Amalric...
Photographie : Daniel Bouquet
Compositeur :  Nicolas Becker et Abraham Marder
Distribution : Tandem
Durée : 2h10min
Genre : Drame
Date de sortie : 16 Juin 2021 
Affiche du film Sound of metal

Ruben et Lou, ensemble à la ville comme à la scène, sillonnent les Etats-Unis entre deux concerts. Un soir, Ruben est gêné par des acouphènes, et un médecin lui annonce qu’il sera bientôt sourd. Désemparé, et face à ses vieux démons, Ruben va devoir prendre une décision qui changera sa vie à jamais.

Affiche du film C'est nous les héros

3.5

Sound of Metal est le premier long-métrage de Darius Marder. Un film qui devait être à l’origine un documentaire de Derek Cianfrance s’inspirant d’une véritable histoire d’un couple de métalleux. Malheureusement le projet datant de 2009 fut avorté mais Darius Marder s’est vu confié  Cianfrance les rênes de celui-ci et en a fait une œuvre de fiction.

Comme ce fut le cas pour la première version, le cinéaste conte l’histoire d’un couple d’artiste de Heavy Metal, Ruben et Lou, sillonnant, à bord de leur caravane, les États-Unis pour y donner des concerts. Problème, Ruben est atteint de surdité. S’entame alors une longue aventure pour le couple devant prendre une décision qui bouleversera leur avenir.

Image du film Sound of Metal
Riz Ahmed est Ruben

Sound of Metal est un film ambitieux, au sujet relativement important et souvent ignoré. Le cinéaste décide donc en amont du film de proposer son œuvre en audio description, annonçant la couleur et renvoyant à l’origine documentaire du projet. Un acte loin d’être anodin dont on saluera l’utilité et la pertinence pour, potentiellement, une acceptation plus généralisée de ce genre de proposition.

Une belle proposition qui vient s’ajouter à un film profond, axé sur le personnage de Ruben, artiste dépressif et passionné. Amoureux de musique et de sa chère Lou, le cinéaste filme sa triste chute à travers ce handicape si fatale à sa passion, à sa vie. Une chute que l’on ressent, que l’on perçoit au plus près du protagoniste avec une caméra ainsi qu’une mise en scène très immersive, proche des personnages et des visages. Un sentiment dû notamment à certains plans de caméras épaules, loin de certaines filmées d’une manière qui rappellera sans doute la réalisation du cinéaste italien Nanni Moretti.

Le réalisateur accentue se sentiment du spectateur avec un énorme travail technique sur le son. L’expérience touche donc à tous nos sens (ou presque), que l’on partage, que l’on subit parfois à travers le personnage de Ruben. Ce dernier, incarné par Riz Ahmed ressent ainsi peu à peu à travers le film, le lourd point de sa surdité. Un élément qui deviendra alors toute la problématique du personnage, à savoir comment l’accepter ?

Image du film Sound of metal
Riz Ahmed est Ruben

La travail sonore autour de la perte auditive au niveau de la réalisation est alors remarquable. L’enchaînement de scène sonores ainsi que siliceuse, afin de nous immerger encore davantage dans le ressenti de Ruben, est tout bonnement incroyable. Riz Ahmed nous fait ressentir avec une énergie désespérée l’ampleur de cet handicap et des problèmes que cela engendre avec son environnement habituel. En partant de ce qu’il aime le plus au-delà de la musique : Lou.

L’acteur bénéficiait d’une oreillette diffusant des bruits blancs ou d’acouphènes lui permettant ainsi, lui aussi, de mieux s’immerger et de ressentir cet handicap. Cela se ressent dans son jeu, toujours juste, voir même brillant qui lui permet de porter toutes ces thématiques, notamment ce handicap avec brio et de le montrer tel quel. Sans artifice ou atténuation.

Un handicap qui, par ailleurs dans le film, est démontré comme n’en étant pas un. La surdité n’empêchant pas de vivre, de ressentir malgré une certaine mise à l’écart de notre société. Un problème récurrent concernant de nombreux handicaps et ici, parfaitement traité dans ce film très touchant, presque bouleversant.

Toutefois, Sound of Metal ne parvient pas à se détacher d’une certaine prévisibilité. Peu de rebondissement ou de surprises scénaristiques pour un film cependant brillamment mis en scène. Celle-ci qui n’est malheureusement pas accompagné d’une écriture très originale qui se satisfait de faire un bon film sur un sujet important.

Sound of Metal a toutefois de quoi émouvoir, de quoi marquer le public. Car à travers toutes ses prouesses techniques et du jeu d’acteur, c’est bien une leçon sur le handicap et de belles émotions qui resteront à la fin de la séance. 

Dariues Marder signe donc ainsi une première œuvre brillante qui mérite d’être vu sur un grand écran, tant l’expérience sensorielle est sublime et son œuvre prometteuse.