Les Anecdotes #6 – The power of the dog (2021)

The power of the dog est un film réalisé par Jane Campion sortie le 1er Décembre 2021 sur Netflix. On y retrouve Benedict Cumberbatch, Kirsten Dunst, Jesse Plemons, Kodi Smit-McPhee ou encore Thomasin McKenzie.

Synopsis :

Originaires du Montana, les frères Phil et George Burbank sont diamétralement opposés. Autant Phil est raffiné, brillant et cruel – autant George est flegmatique, méticuleux et bienveillant. À eux deux, ils sont à la tête du plus gros ranch de la vallée du Montana. Une région, loin de la modernité galopante du XXème siècle, où les hommes assument toujours leur virilité et où l'on vénère la figure de Bronco Henry, le plus grand cow-boy que Phil ait jamais rencontré. Lorsque George épouse en secret Rose, une jeune veuve, Phil, ivre de colère, se met en tête d'anéantir celle-ci. Il cherche alors à atteindre Rose en se servant de son fils Peter, garçon sensible et efféminé, comme d'un pion dans sa stratégie sadique et sans merci…

💍 1. Jesse Plemons & Kirsten Dunst : un couple à l’écran comme à la ville

À l’origine, Elisabeth Moss devait retrouver Jane Campion, avec qui elle avait déjà collaboré sur la série Top of the Lake. Mais retenue par le tournage de Next Goal Wins de Taika Waititi, elle cède finalement sa place à Kirsten Dunst avec qui Jane Campion rêvait de travailler depuis longtemps.

De son côté, Jesse Plemons, qui incarne George Burbank, n’était pas non plus le premier choix. Le rôle devait initialement revenir à Paul Dano, mais ce dernier s’est désisté, accaparé par The Batman de Matt Reeves, dans lequel il joue l’Homme-Mystère.

Le hasard fait bien les choses : Plemons et Dunst sont en couple dans la vraie vie, et déjà partenaires à l’écran dans Fargo. Fiancés depuis 2017, leur complicité naturelle apporte à leurs personnages une intimité discrète mais touchante, qui contraste avec la violence sourde du reste du film.


🎭 2. Des acteurs habités par leurs personnages

Pour The Power of the Dog, Kirsten Dunst et Benedict Cumberbatch ont poussé l’immersion à l’extrême. Si leurs personnages entretiennent une tension sourde à l’écran, les deux acteurs ne se sont jamais parlé durant le tournage. Un choix assumé, afin de préserver cette distance émotionnelle et nourrir l’hostilité entre leurs rôles.

De son côté, Benedict Cumberbatch a révélé ne pas s’être lavé pendant deux semaines, pour coller au quotidien poussiéreux et rude de son personnage, Phil Burbank. Il s’est également empoisonné trois fois à la nicotine, à force de fumer des cigarettes non filtrées pour renforcer l’authenticité de ses gestes.

Kirsten Dunst, elle, s’est investie tout autant : elle a entièrement appris à jouer les morceaux de piano que l’on voit dans le film.

Image making off du film The Power of the dog

🎬 3. Cannes et Netflix : une histoire d’amour… contrariée

Bien que The Power of the Dog ait été invité au Festival de Cannes en Hors Compétition, Netflix a décliné l’invitation, poursuivant son bras de fer avec le festival. Depuis la réforme imposant une sortie en salle pour tout film en compétition officielle, la plateforme refuse de présenter ses productions tant qu’un accord n’est pas trouvé — un différend désormais bien connu dans le monde du cinéma.

Le film a donc choisi la Mostra de Venise pour son avant-première mondiale, où il a reçu un accueil triomphal, couronné par le Lion d’argent de la meilleure réalisation pour Jane Campion.


📚 4. Une adaptation qui a mis du temps à voir le jour

Publié en 1967, le roman The Power of the Dog de Thomas Savage a longtemps été considéré comme un chef-d’œuvre discret de la littérature américaine. Pourtant, ses droits d’adaptation ont circulé durant des décennies, sans qu’aucun projet n’aboutisse.

Paul Newman fut l’un des premiers grands noms à s’y intéresser : fasciné par la complexité psychologique du roman, il envisageait d’en faire un film. Mais, malgré son enthousiasme, le projet n’a jamais dépassé le stade du développement.

Il aura fallu attendre plus de 50 ans et la vision de Jane Campion pour que cette œuvre âpre et tendue trouve enfin son écrin cinématographique — et une reconnaissance critique mondiale.

Image making off du film The Power of the dog

🌄 5. Le Montana… recréé en Nouvelle-Zélande

Bien que l’intrigue de The Power of the Dog se déroule dans le Montana des années 1920, le film a été entièrement tourné en Nouvelle-Zélande, pays natal de Jane Campion. La réalisatrice souhaitait capturer l’âpreté des grands espaces tout en profitant des paysages grandioses de l’Île du Sud, qui évoquent ceux de l’Ouest américain.

Le tournage a commencé le 10 janvier 2020, mais a été interrompu mi-mars par la pandémie de Covid-19. L’équipe a repris les prises de vues plus tard, pour s’achever officiellement le 15 juillet 2020.

Pendant ce temps, Benedict Cumberbatch, Kirsten Dunst et Jesse Plemons sont restés confinés en Nouvelle-Zélande, le pays ayant instauré des mesures strictes mais efficaces. Ce séjour prolongé a renforcé l’esprit de groupe entre les acteurs… malgré la tension dramatique du film.

Image making off du film The Power of the dog

🎶 6. Le défi du banjo de Phil

Parmi tous les aspects exigeants de son rôle dans The Power of the Dog, Benedict Cumberbatch a confié que maîtriser le banjo fut de loin le plus grand défi. Instrument emblématique de son personnage, Phil Burbank, le banjo n’est pas qu’un accessoire : il est le prolongement de sa domination, de sa solitude, et de ses démons intérieurs.

Cumberbatch a donc suivi une préparation intense, non pas pour réellement apprendre à en jouer parfaitement, mais pour imiter le geste avec une extrême précision, dans le bon rythme, les bons accords, et avec l’émotion juste. Le moindre décalage aurait été visible à l’écran, car le morceau qu’il joue est un solo complexe, censé refléter toute la tension que son personnage fait peser sur Rose (Kirsten Dunst).


🌌 7. Une bande-son étrange et énigmatique

Pour The Power of the Dog, Jane Campion voulait une bande-son qui ne souligne pas les émotions de manière traditionnelle, mais qui traduise l’étrangeté latente de l’histoire. Elle s’est donc tournée vers Jonny Greenwood, le guitariste de Radiohead, devenu l’un des compositeurs les plus singuliers du cinéma (There Will Be Blood, Phantom Thread…).

Greenwood a conçu une partition audacieuse et dérangeante, à l’image de la psychologie torturée des personnages. Plutôt que d’utiliser des violons romantiques ou des envolées orchestrales typiques des westerns, il a préféré :

  • des cors atonaux, créant des nappes sonores tendues et ambiguës,
  • du violoncelle joué au plectre, à la manière d’une guitare, ce qui produit un son grinçant, inattendu,
  • et un piano mécanique désaccordé, rappelant les vieux saloons… mais avec un décalage menaçant.

Jonny Greenwood a reçu des critiques élogieuses pour ce travail, qui lui a valu une nomination à l’Oscar de la meilleure musique originale.


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