La recette Rupert Gregson-Williams

[AVIS] Aquaman (2018) James Wan

Synopsis:
Les origines d’un héros malgré lui, dont le destin est d’unir deux mondes opposés, la terre et la mer. Cette histoire épique est celle d’un homme ordinaire destiné à devenir le roi des Sept Mers.

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Alors que Marvel fête ses 10ans et ses milliards au box office, DC se serre la ceinture et s’embrouille dans son univers bâclé qui tente de faire face au géant qu’est le Marvel Cinematic Universe. Si Man of Steel et Wonder Woman avaient de quoi être intéressant on a tout de suite perdu le fil avec les très moyens Batman V Superman, Suicide Squad et Justice League. Vite oublié après des films comme Avengers Infinity War chez Marvel, le DC Universe tente de trouver sa formule magique mais ne trouve malheureusement que les échecs commerciaux. On en avait presque oublié ce Aquaman qui fait surface juste après les rumeurs sur le départ d’Henry Cavill (Superman). Il faut dire que plus personne n’y croit à ce DC Universe… La Justice League commence à peine à se briser que James Wan vient combler les fuites avec ce film incroyablement fun, généreux et déjà culte au box office international !

On l’avait déjà vu dans Batman V Superman et dans Justice League mais le légendaire roi des mers s’offre un merveilleux film en solo, une suite et non pas un préquel de Justice League (qui s’en rappel?) que vous n’êtes d’ailleurs pas obligé de voir pour comprendre Aquaman. Le réalisateur de Conjuring, Saw ou encore Fast And Furious 7 nous avait montré son talent mais signe ici un divertissement grandiose avec des scènes de combats bluffantes comme James Wan sait le faire. Sans parler de la création du monde sous marin ! James Cameron prépare depuis quelques années un Avatar tourné intégralement sous l’eau mais James Wan n’a pas hésiter à se lancer dans la submersion numérique, pourtant casse gueule sur le papier. Comme vous vous en doutez plus de la moitié du film se passe dans l’eau, dans un Atlantis plein d’idées et visuellement très réussi ! Ce film est une exhibition de talents mais surtout une représentation fidèle du comics ! Tout y est ! Les costumes, les décors, les couleurs et l’incroyable divertissement que peut procurer ces petites bandes dessinées américaines.

Mais que serait le film sans les performances d’acteurs évidentes ? Jason Momoa porte le film sur ses épaules ! Khal Drogo de Game Of Thrones incarne à merveille le Super-man des mers mais s’entoure aussi d’un excellent casting avec Willem Dafoe (Vulko), Amber Heard (Mera), Patrick Wilson (King Orm), Nicole Kidman (Atlanna), Dolph Lundgren (King Nereus) pour ne citer qu’eux mais aussi Yahya Abdul-Mateen II aperçu dans la série The Get Down qui s’en sort parfaitement en Manta ! Sans oublier le casting vocal tout aussi excellent avec Djimon Hounsou (Gardiens de La Galaxie), John Rhys-Davies (Seigneur des Anneaux) et Julie Andrews (Mary Poppins).

Des acteurs mais surtout des poulpes, des requins, des dinosaures, des tortues et un tas d’autres espèces qui se livrent la bataille la plus incroyable de cette année !  Vous en aviez rêvé, James Wan l’a fait ! Fini les Sharknado ou je ne sais quel nanar, Aquaman nous offre un tsunami d’effets spéciaux, qui certes déplaira à certains mais reste d’une grande jouissance pour les amateurs de divertissement.

Un solo movie réussi qui avec Wonder Woman arrivera peut être à maintenir le DC Universe vivant ! En tout cas on attend avec impatience la suite, en espérant que James Wan a plus d’un tour dans son sac !

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[AVIS] Tu ne Tueras Point (2016) Mel Gibson

Synopsis:
Quand la Seconde Guerre mondiale a éclaté, Desmond, un jeune américain, s’est retrouvé confronté à un dilemme : comme n’importe lequel de ses compatriotes, il voulait servir son pays, mais la violence était incompatible avec ses croyances et ses principes moraux. Il s’opposait ne serait-ce qu’à tenir une arme et refusait d’autant plus de tuer.

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10 ans après la sortie discrète de Apocalypto, l’acteur-réalisateur Mel Gibson nous revient derrière la caméra avec Tu ne tueras point. Derrière ce film au titre un tant soit peu christique se cache un véritable chemin de croix effectué par le cinéaste oscarisé de Braveheart. Lorsque le grand Mel lançait des propos jugés antisémites en 2006, il se retrouvait instantanément blacklisté et on n’entendait plus parler de lui… Victime collatérale de l’immense succès de Mad Max : Fury Road (saga dont il fut le héros durant les 3 premiers opus), le revoici dans la course – et pas n’importe laquelle : celle aux Oscars. Dans une lutte incessante pour la statuette dorée, Mel Gibson ne pourra compter que sur la qualité de son film – et non sur la présence de George Miller à la présidence du jury au Festival de Cannes, permettant (coïncidence!) la sélection Hors Compétition de Blood Father. Alors donc, Mel Gibson est-il bien de retour ?

Ni une, ni deux, soyons franc : Gibson a pris en âge et en maturité, et cela se ressent sur sa manière d’aborder le cinéma. Techniquement, Tu ne tueras point est une œuvre virtuose où l’esthétique de chaque scène époustoufle autant qu’elle sidère. Scénaristiquement, l’académisme prône et la prise de risque courbe l’échine. On se surprendra, ainsi, à deviner bien en avance les tenants et aboutissants des scènes à venir. Une paresse qui, tout autant qu’elle exprime quelque chose sur l’état actuel du cinéma américain « à statuette », nous fatigue et nous irrite.

Mais, au fond, le sujet du film n’est pas tant dans son fond que dans sa forme. Et en ça, Tu ne tueras pointest l’une des plus belles œuvres que l’on ait vues cette année. Quand Mel Gibson (re)déclarait son aversion pour le cinéma-écran-vert (en pointant du doigt Batman v Superman) et tandis qu’il insistait sur, selon lui, l’absence d’art dans les blockbusters hollywoodiens, on ne peut que remarquer qu’il fait office d’alternative. Avec un minimum de numérique, son film est une orgie visuelle : ses scènes de guerre rivalisent avec celles d’Il faut sauver le soldat Ryan – pourtant référence dans le genre. Ça explose de partout, ça saigne pour de vrai, ça pleure pour de vrai. Il se dégage de Tu ne tueras point l’impression d’avoir assisté à une expérience. Un véritable spectacle auquel nos émotions sont usées jusqu’à la moelle. On ressort épuisé du film, nos sens explosés. Mel Gibson réussit donc à capter ce qui fait le cœur du cinéma : non seulement divertir mais aussi nous faire ressentir l’émotion.

Des émotions qui passent aussi par les performances magistrales de son casting. En tête de liste, on retrouve un Andrew Garfield émouvant et ému. Dans la peau de ce personnage christique, il présente une palette de jeu très étendue, capable de nous faire pleurer dans un plan et rire dans celui d’après. Globalement, le reste du casting vient magnifier cette belle (mais naïve) histoire : d’une Teresa Palmerrenversante à un Sam Worthwington transformé jusqu’à un Vince Vaughn différent de ce qu’on connait de lui.

Ainsi, avec Tu ne tueras point, Mel Gibson signe un retour fracassant. Pas aussi risqué qu’on l’espérait, pas aussi différent des productions l’entourant, mais tout de même supérieur à une bonne partie des films de guerre récents grâce à une esthétique unique. Une intrigue académique mais une mise en scène électrique : un film parfait sur la forme, décevant sur le fond.

En privilégiant la forme sur le fond, Gibson signe un retour fracassant. Sublime mais académique.

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