La Fameuse Invasion des ours en Sicile (La famosa invasione degli orsi in Sicilia)
Réalisation : Lorenzo Mattotti
Scénario : Lorenzo Mattotti, Jean-Luc Fromental et Thomas Bidegain
Avec les V.F. de : Leïla Bekhti, Thomas Bidegain, Jean-Claude Carrière…
Avec les V.O. de : Linda Caridi, Antonio Albanese, Andrea Camilleri…
Musique : René Aubry
Distribution : Pathé
Durée : 1h22 min
Genre : Animation, Conte
Date de sortie : 9 Octobre 2019
Tout commence le jour où Tonio, le fils du roi des ours, est enlevé par des chasseurs dans les montagnes de Sicile… Profitant de la rigueur d’un hiver qui menace son peuple de famine, le roi décide alors d’envahir la plaine où habitent les hommes. Avec l’aide de son armée et d’un magicien, il réussit à vaincre et finit par retrouver Tonio. Mais il comprend vite que le peuple des ours n’est pas fait pour vivre au pays des hommes…
Avec son titre intriguant et son animation particulièrement belle, La Fameuse Invasion des Ours est de ces films d’animation hors normes, loin des grands studios mais tout aussi proche de leurs ambitions… Nous emporter dans un conte intelligent et merveilleux !
Pour son premier long métrage l’illustrateur Lorenzo Mattotti, dessinateur notamment de l’affiche du Festival de Cannes 2000, boucle la boucle et s’offre une présentation dans la sélection Un Certain Regard du Festival de Cannes 2019 ! Celui qui a gagné de nombreux prix pour ses compétences d’auteur et dessinateur met enfin un pied dans le cinéma, tout en restant très proche de ce qu’il sait faire, le dessin ! Et pour rester dans ce qu’il maîtrise le mieux, Lorenzo Mattotti a adapté le contre La Fameuse Invasion des Ours illustré de l’italien Dino Buzzati !
Profitant de quelques dessins d’illustration du conte, Lorenzo Mattotti a pu s’imprégner de l’univers de Dino Buzzati tout en y ajoutant sa patte pour un rendu sublime ! Un film en animation 2D comme on en voit rarement, intemporel, et merveilleux qui regorge d’idée d’animation ! Lorenzo Mattotti y conserve la simplicité et la naïveté des illustrations de Buzzati, tout en conservant une grande liberté de détail et en usant abondamment de la couleur. La Fameuse Invasion des Ours a recourt à des couleurs très vives afin de conférer de la chaleur et de l’énergie à l’univers visuel du film.
C’est un parti pris esthétique de Mattotti, qui s’écarte délibérément des schémas de couleurs employés notamment par les films d’animation américains, dont il estime qu’ils emploient des couleurs terribles
et acides
de peur d’être doux, gentil, poétique
. Les dessins de Buzzati servent de guide et Mattotti tient à préserver les nombreuses idées graphiques qui y sont incluses en se donnant les moyens de les porter à l’écran, comme l’emploi de boules de neiges géantes dans une bataille, le chat Marmouset ou encore les fantômes. Un respect et une admiration de l’oeuvre qui se ressent dans le film !
Côté histoire, Lorenzo Mattotti se permet un peu plus de liberté. Il s’entoure notamment des scénaristes Thomas Bidegain (Un prophète, De rouille et d’os…) et Jean-Luc Fromental (Il était une fois...). Ensemble ils inventent une suite au conte de Mattotti, l’intrigue de ce dernier est jugée parfois répétitive et trop courte. Ainsi si la première partie reprend fidèlement le conte, la deuxième partie s’offre plus de liberté et surtout une suite au conte tant apprécié. Un peu plus de modernité et de nouveautés, Lorenzo Mattotti, Thomas Bidegain et Jean-Luc Fromental ont aussi ajouté les personnages du troubadour Gedeone et de sa fille Almerina pour raconter l’histoire. Almerina en hommage à l’épouse veuve de Buzzati.
Malgré son petit budget de 11 millions d’euros, le film n’a à envier des pointures du genre ! Pour comparaison Toy Story 4 représentait un budget d’environ 200 millions d’euros, rien que ça ! Pourtant comme ses confrères américain le film, merveilleux s’offre aussi un double sens de lecteur intéressant, pour petits et grands. Si les plus jeunes y trouveront l’histoire d’un père ours cherchant à retrouver son fils ours, les plus grands y verront un discours sur la monarchie, sur le rapport que l’homme a à la nature. Un point de vue politique plus large mais totalement bienveillant sous une même si certains passages ne sont pas forcément adaptés au plus jeune public. Tout ça évidemment sous le ton du conte et du merveilleux !
Au casting vocal on retrouve Jean-Claude Carrière, Arthur Dupont Leïla Bekhti, et Thomas Bidegain qui en plus d’être scénariste s’offre le rôle du troubadour Gedeone ! Une V.O. de bonne facture qui ne renforce que l’intensité du conte. Des voix accompagnée des douces musiques de René Aubry qui rappellent les boites à musique de notre enfance. Une parfaite synthèse du film qui malgré les sujets forts et politiques qu’il peut aborder il garde son âme d’enfant et ses douces couleurs pleine de chaleur et de bienveillance.
