Les Anecdotes #39 – Toy Story (1996)

Toy Story est un film réalisé par John Lasseter sortie le 20 Juillet 2005 au cinéma. On y retrouve la voix de Tom Hanks, Tim Allen, Don Rickles, Jim Varney, Wallace Shawn ou encore celle de John Ratzenberger.

Quand le jeune Andy quitte sa chambre, ses jouets se mettent à mener leur propre vie sous la houlette de son pantin préféré, Woody le cow-boy. Andy ignore également que chaque anniversaire est une source d'angoisse pour ses jouets qui paniquent à l'idée d'être supplantés par un nouveau venu. Ce qui arrive quand Buzz l'éclair est offert à Andy. Cet intrépide aventurier de l'espace, venu d'une lointaine galaxie, va semer la zizanie dans ce petit monde et vivre avec Woody d'innombrables aventures aussi dangereuses que palpitantes.

🎥 Un film inspiré par Tron

C’est en découvrant Tron (1982) de Steven Lisberger que John Lasseter, alors jeune animateur chez Disney, a une révélation : l’animation par ordinateur peut raconter des histoires autrement. Enthousiasmé, il tente de convaincre Disney de produire un film entièrement en images de synthèse. Refus catégorique : « la 3D, c’est pour les effets, pas pour les héros ».

Licencié peu après, Lasseter rejoint Pixar, alors une division obscure de Lucasfilm rachetée en 1986 par Steve Jobs. Là, il commence à réaliser des courts-métrages 3D expérimentaux, comme Luxo Jr. ou Tin Toy, posant les bases de ce qui deviendra Toy Story.

Techniquement, Tron avait ouvert une porte, mais c’est Toy Story qui l’enfonce : chaque plan du film est généré par ordinateur, avec des modèles 3D animés image par image, éclairés et rendus à l’aide de machines surpuissantes pour l’époque. Ce que Lasseter avait rêvé après Tron, il parvient à le concrétiser 13 ans plus tard — en signant le premier long-métrage intégralement animé en images de synthèse de l’histoire du cinéma.

💻 Une première mondiale… qui a failli capoter

En 1995, Toy Story devient ainsi le premier film entièrement en images de synthèse. Mais à l’époque, Pixar est encore un studio indépendant, financé par Steve Jobs, et dépendant de Disney pour la distribution. Ce dernier possède les droits des personnages et le dernier mot créatif.

Lors d’une projection test en 1993, Disney trouve Woody trop antipathique. Le projet est mis en pause. En deux semaines, les équipes de Pixar réécrivent entièrement le scénario pour sauver le film. Sans ce sprint narratif, Buzz et Woody seraient restés au placard.

🎼 Un film sans chansons ? Presque un affront pour Disney

Au début des années 90, tous les grands succès animés de Disney sont des comédies musicales : La Petite SirèneAladdinLe Roi Lion… Alors forcément, quand Toy Story entre en développement, Disney pousse fort pour que le film suive la même formule. L’idée ? Faire chanter Woody et Buzz, intégrer des numéros musicaux, et viser la bande-son multi-platine.

Mais John Lasseter, lui, est formel : Toy Story ne sera pas une comédie musicale. Il veut un ton plus cinématographique, proche d’un buddy movie émotionnel, et refuse que les personnages interrompent l’action pour chanter.

🎸 Steve Jobs like a rolling stone

Au tout début de la production de Toy Story, alors que Disney pousse pour une comédie musicaleSteve Jobs a une idée pour le moins audacieuse : il veut confier la bande originale à Bob Dylan. À l’époque, Jobs est un admirateur de longue date du chanteur, qu’il aurait même rencontré personnellement dans les années 80. Convaincu que Dylan pourrait apporter une touche folk mélancolique au film, il appelle le producteur Ralph Guggenheim en pleine nuit pour le convaincre.

Mais l’équipe créative de Pixar, déjà en discussion avec Randy Newman, juge que l’univers de Dylan, aussi légendaire soit-il, ne correspond ni au ton du film, ni à l’énergie des personnages. L’idée est poliment écartée. Jobs, visionnaire mais parfois à contre-courant, finit par laisser faire. Et heureusement : You’ve Got a Friend in Me deviendra un classique…

✍️ Joss Whedon, l’Avenger de l’écriture

Avant de révolutionner les super-héros avec Avengers ou de créer Buffy contre les vampiresJoss Whedon a discrètement joué un rôle clé dans… Toy Story. En 1993, alors que le scénario du film patine, Pixar fait appel à plusieurs script doctors de talent. Et parmi eux, Whedon est chargé de redonner de l’âme au projet.

Son influence est majeure : c’est lui qui pousse à faire de Buzz un jouet qui ignore qu’il en est un, idée géniale qui devient le cœur dramatique et comique du film. Il contribue aussi à rendre les dialogues plus dynamiques, plus modernes, avec ce mélange typique de répliques acérées et d’émotion sincère.

Enfin, selon plusieurs témoignages internes, il aurait aussi participé à la création du personnage de Rex, le dinosaure peureux — un pur Whedon dans l’âme, maladroit, attachant et comique malgré lui.

Même s’il ne reste pas jusqu’à la fin de la production (et ne participe pas aux suites), Joss Whedon est crédité au scénario, et sa contribution est aujourd’hui reconnue comme essentielle dans la transformation du projet en film culte.

🤠 Woody Hanks

Le rôle de Woody a attiré un véritable défilé de stars avant que Tom Hanks ne décroche la voix du célèbre cow-boy. Parmi les acteurs envisagés : Clint EastwoodPaul NewmanRobin WilliamsJim CarreyMatthew BroderickMichael J. FoxSean ConneryRobert De NiroTommy Lee JonesJohn TravoltaKevin KlineAlec BaldwinDustin Hoffman, Martin ShortJohn GoodmanCharlie Sheen, ou encore Bill Murray. Rien que ça.

C’est finalement Hanks, choisi pour sa capacité à être nerveux, drôle et sincère à la fois, qui donne à Woody toute sa complexité émotionnelle.
L’acteur enregistre sa voix pendant les pauses de tournage de Nuits blanches à Seattle (1993) et Une équipe hors du commun (1992). En revanche, il refuse de doubler Woody pendant les tournages de Philadelphia ou Forrest Gump, expliquant qu’il ne se voyait pas passer de scènes tragiques à des répliques comiques de cow-boy en quelques minutes.

🚀 Vers l’infini et Yippee-ki-yay ?

Pour Buzz l’Éclair, le choix se porte finalement sur Tim Allen, mais d’autres noms ont circulé : Bruce WillisMel GibsonKeanu ReevesMichael KeatonJason AlexanderAdam SandlerBill PaxtonHulk Hogan, et Jim Carrey encore une fois. Billy Crystal refusera le rôle… avant de rejoindre Monstres & Cie et donner sa voix au personnage de Bob quelques années plus tard.

🛰️ Buzz Lightyear… alias Lunar Larry

Avant de devenir le plus célèbre ranger de l’espace, Buzz devait s’appeler Lunar Larry (!). Son design a été inspiré par les combinaisons des astronautes d’Apollo, et ses couleurs ne sont pas un hasard : le vert est la couleur préférée de John Lasseter, le violet celle de sa femme, et le blanc vient tout droit de la NASA.

😈 Sid — le garnement sadique

Le rôle de Sid, le petit garçon brutal qui torture ses jouets, a été confié à Erik von Detten, alors jeune acteur américain. Mais fun fact : sa voix est entendue dans la toute première bande-annonce du film… dans la bouche d’Andy. Ce qui laisse penser qu’il a d’abord été envisagé pour le rôle du gentil garçon, avant d’être rebasculé côté obscur. Un renversement parfait, tant sa voix incarne à merveille la cruauté inconsciente de l’enfance.

🍠 Mr. Patate — l’humour piquant

Pour incarner l’ironie grinçante et la mauvaise foi de Mr. Patate, Pixar pense d’abord à Joe Pesci, tout droit sorti de Les Affranchis et Maman, j’ai raté l’avion. L’idée : une voix nerveuse, électrique, limite mafieuse. Mais c’est finalement Don Rickles, légende du stand-up américain et maître du roast, qui hérite du rôle. Une voix culte, piquante mais jamais méchante, devenue l’une des plus iconiques de la saga.

🐶 Slinky — le fidèle chien-ressort

Slinky Dog, c’est la loyauté à l’état pur. Pixar pense un temps à Danny Glover, pour son calme posé et chaleureux. Mais le rôle revient à Jim Varney, acteur comique surtout connu aux États-Unis pour ses pubs et films Ernest. Sa voix traînante du Sud des États-Unis donne à Slinky une simplicité rurale attendrissante, parfaite pour jouer le bon toutou du shérif Woody.

🐷 Hamm — le cochon sarcastique

C’est à John Ratzenberger qu’on doit le ton pince-sans-rire de Hamm, la tirelire la plus sarcastique de l’Ouest. Pourtant, le rôle a un temps été proposé à Danny DeVito, qui aurait pu apporter un grain de folie plus cartoonesque. Pixar opte pour Ratzenberger, déjà célèbre pour Cheers, et qui deviendra… le seul acteur à apparaître vocalement dans tous les films Pixar jusqu’à aujourd’hui.

🐏 Bo Peep — la bergère badass

Pour Bo Peep, les studios hésitent longuement. Le rôle est proposé à plusieurs stars : Catherine O’HaraLisa KudrowMolly RingwaldBrooke Shields ou encore Jodie Foster. Mais c’est Annie Potts (la standardiste Janine de Ghostbusters) qui décroche le rôle. Sa voix douce, posée mais ferme, donne à Bo un mélange d’élégance et de fermeté qui trouvera tout son sens dans les suites.

🦖 Rex — le dinosaure stressé

Le dinosaure le plus anxieux de l’histoire du cinéma a failli avoir une voix bien différente. En lice : Rick Moranis (le Louis Tully de Ghostbusters) et Daniel Stern (Maman j’ai raté l’avion), deux spécialistes des rôles de mecs dépassés. Finalement, c’est Wallace Shawn — acteur de théâtre au débit rapide et nerveux — qui devient la voix tremblotante de Rex, avec des inspirations très personnelles (il souffre lui-même de trac chronique).

🎤 De voix temporaires… à réalisateurs confirmés

Avant de devenir les réalisateurs oscarisés de Wall·E (2008)Le Monde de Nemo (2003)Vice-Versa (2015) ou Là-Haut (2009), Andrew Stanton et Pete Docter étaient tout simplement… de jeunes scénaristes et animateurs dans une petite boîte nommée Pixar. Sur Toy Story, ils ne se contentent pas d’écrire et storyboarder : ils prêtent aussi leur voix à plusieurs jouets secondaires, le temps des maquettes audio.

Mais certaines de ces voix d’essai sont si efficaces qu’elles restent dans le montage final, preuve du talent brut de l’équipe. Stanton participe activement au développement des dialogues les plus mémorables, et Docter est notamment à l’origine de la fameuse scène où les jouets organisent une réunion sous le lit d’Andy, une idée simple mais brillante pour introduire leur micro-société.

Ces deux-là, qu’on pourrait appeler les « Pixar Boys », joueront ensuite un rôle central dans tous les succès du studio. Toy Story n’était pas seulement leur premier film : c’était le terrain d’entraînement d’un duo qui allait réinventer l’animation au XXIe siècle.

🎨 Limites techniques… et trouvailles géniales

Le choix de faire un film sur des jouets en plastique n’est pas anodin : à l’époque, l’animation 3D ne permet pas encore de représenter les cheveux, les tissus ou la peau de manière crédible. Les personnages humains comme Andy ou Sid sont basés sur le même modèle 3D, différenciés uniquement par les textures et la coiffure.

L’équipe se compose de seulement 110 personnes, contre 800 sur Le Roi Lion. Le film demande 800 000 heures machine, pour plus de 114 000 images. Malgré tout, certaines scènes, comme celle de la fusée finale, mettent les serveurs à genoux.

🎞️ Des tests en secret et des plans qui changent

Avant même sa sortie officielle, Toy Story fait l’objet de projections secrètes organisées par Pixar pour tester l’impact du film sur le public. Les spectateurs, conviés sous prétexte de découvrir Opération Dumbo Drop, découvrent finalement une expérience inédite : un film d’animation entièrement en images de synthèse, encore en cours de finalisation. Ces retours permettront aux équipes de peaufiner le montage, ajuster des répliques et clarifier certaines scènes.

Mais l’évolution du film ne s’arrête pas là. Entre la version cinéma de 1995 et les éditions Blu-ray sorties en 2010 et 2015, certains détails visuels changent subtilement. Par exemple :

  • Dans la version originale, après le logo Disney, la caméra recule pour révéler le papier peint d’Andy, donnant un effet de transition fluide.
  • Sur les éditions Blu-ray, le logo Pixar reste figé quelques secondes avant de fondre vers le même papier peint, modifiant légèrement le rythme du début.

Ces petites différences reflètent aussi l’évolution des supports et des technologies de restauration, Pixar ayant remasterisé le film pour coller aux standards HD et 16:9 (au lieu du format 1.66:1 d’origine). Résultat : même les fans les plus attentifs redécouvrent parfois Toy Story… plan après plan.

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