OSS 117: Alerte rouge en Afrique noire Réalisation : Nicolas Bedos Scénario : Jean-François Halin Avec : Jean Dujardin, Pierre Niney, Fatou N'Diaye, Natacha Lindinger, Wladimir Yordanoff, Gilles Cohen... Photographie : Laurent Tangy Compositeur : Anne-Sophie Versnaeyen et Nicolas Bedos Distribution : Gaumont Durée : 1h56min Genre : Comédie, Espionnage Date de sortie : 4 Août 2021
1981. Hubert Bonisseur de La Bath, alias OSS 117, est de retour. Pour cette nouvelle mission, plus délicate, plus périlleuse et plus torride que jamais, il est contraint de faire équipe avec un jeune collègue, le prometteur OSS 1001.
Nicolas Bedos est de retour pour son troisième film après les très bon Monsieur et Madame Adelman ou encore La Belle Époque. Décidément amoureux d’une époque désormais révolue, il revient 2 ans après son dernier succès derrière la caméra avec un nouveau film mettant en scène cette époque : OSS 117 Alerte rouge en Afrique noire.
Un film qui fait cette fois partie d’une franchise renouvelée il y a quelques années par Michel Hazanavicius avec deux longs-métrages sur l’agent secret très spécial…Hubert Bonisseur de la Bath. C’est donc un tout autre défis qui attendait le réalisateur, celui de s’adapter à une licence appréciée du grand public tout en y ajoutant sa patte personnelle.
Cette touche, on peut l’apprécier dès le début du film avec un plan séquence relativement maîtrisé, introduisant avec humour et élégance notre agent secret préféré. C’est alors qu’après quelques scènes seulement, l’on peut saluer le choix d’avoir prit Nicolas Bedos pour cette suite. Qui de mieux pour mettre en scène un personnage controversant dans les années 80 ? Une époque que semble particulièrement apprécié le cinéaste, redonnant vie à ces années à travers des costumes et des décors magnifiés par sa réalisation.
Et plus que l’époque, Bedos se plaît à magnifier les lieux, confirmant et ancrant un peu plus encore son style dans la franchise. Avec de multiples plans grue montrant la beauté de la savane, mise en avant, comme un élément faisant partie intégrante des personnages. Elle a son propre rôle, sa beauté, ses faces cachées à l’image d’autres personnages.
Bedos s’amuse ainsi du contraste entre les personnages, leurs faces cachées et Hubert Bonisseur de la Bath, seul irréductible personnage qui n’a rien à cacher. Alors l’on retrouve avec légèreté son humour lourd mais désopilant , son racisme, sa misogynie ainsi que son homophobie non assumée mais qui n’a rien d’une surprise. OSS est de retour, il respire l’authenticité d’un homme tellement dépassé dans son temps mais toujours très chanceux, à tel point qu’il en devient génial parce que tout lui réussi.
Le cinéaste nous le présente tel qu’il est, au point parfois de trop en faire avec le personnage d’OSS 1001 (Pierre Niney). Car si l’on comprend dès le début la petite subtilité de l’écart de génération mais aussi dans la manière de penser, certains dialogues alourdissent cet élément qui pourrait être intéressant. Et ce n’est pas l’unique élément alourdie par certains dialogues malheureusement… C’est peut-être le gros soucis de ce film.
De plus, Bedos doit composer avec les codes d’une franchise existante. Le style du cinéaste étant bien présent, il l’est sans doute que trop peu, donnant une impression d’une réalisation effectuée avec le frein.
Se lâcher avec diverses dialogues, quelques scènes et une direction d’acteur réussie (quel délice de revoir Jean Dujardin dans ce rôle…) ne lui permet pas non plus de se lâcher complètement. OSS 117 Alerte rouge en Afrique noir est donc un film de bonne facture, une réussite qui aurait néanmoins pu être plus que cela. Le talent de Bedos ne faisant aucun doute à la vu de ses deux premiers longs métrages, celui-ci apparaît comme le moins réussi car, sans doute, le moins personnel. Petite pointe de déception contrastant avec toutefois la véritable réussite de ce film, dont le changement de réalisateur faisait en vriller certains. Malheureusement pour ses détracteurs, Nicolas Bedos poursuit son petit bonhomme de chemin à travers le cinéma français, s’ancrant comme un auteur désormais important dans le sillage du cinéma.