Sucker Punch
Réalisation : Zack Snyder
Scénario : Zack Snyder et Steve Shibuya
Avec : Emily Browning, Vanessa Hudgens, Oscar Isaac, Jon Hamm, Scott Glenn, Jena Malone, Jamie Chung...
Photographie : Larry Fong
Musique : Tyler Bates et Marius de Vries
Distribution : Warner Bros. France
Durée : 1h50 min
Genre : Fantastique, Action
Date de sortie : 30 Mars 2011

Une jeune fille n’a que les rêves pour échapper à sa vie cauchemardesque. Délivrée des limites de l’espace et du temps, elle est libre d’aller là où l’entraîne son imagination, et ses aventures incroyables brouillent la frontière entre réalité et imaginaire. Internée contre son gré, Babydoll n’a toutefois pas perdu la volonté de vivre. Déterminée à se battre pour retrouver sa liberté, elle pousse quatre autres jeunes filles à se regrouper pour tenter d’échapper à leur destin terrifiant, à la merci de leurs geôliers. Avec l’aide d’un mystérieux guide, les filles engagent une bataille dans un univers fantastique peuplé de samouraïs, de dragons, de soldats allemands de la Première Guerre mondiale et de robots, avec un impressionnant arsenal virtuel à leur disposition. Ensemble, elles doivent décider de ce qu’elles sont prêtes à sacrifier pour rester en vie. Leur incroyable voyage les conduira à la liberté…
Zack Snyder est un réalisateur un peu à part dans le monde si fermé d’Hollywood. Un cinéaste à grand spectacle axé sur une esthétique propre, très sombre du sexe et plus généralement de la violence, qui finalement ne rapporte que très peu au box-office par rapport à ses budgets initiaux. Tantôt qualifié de génie de l’audiovisuelle ou de réalisateur de bouillie infâme de cinéma, Snyder ne rend personne indifférent, que ce soit le public ou la critique cinématographique. Et alors qu’il y a quelques années, il réalisait Sucker Punch (2011), seul de ses films n’étant pas une adaptation, il se frottait à un échec cuisant tant en terme de spectateur qu’au niveau de la critique. Mais le flop dont fut victime ce film est-il vraiment légitime ?
Le film conte l’histoire de Baby Doll, une jeune femme, qui suite à la mort de sa mère est enfermée dans un hôpital psychiatrique où son beau-père ayant tué sa petite sœur, prévoit de faire lobotomiser Baby Doll. Celle-ci fini par s’inventer un monde imaginaire où elle élabore un plan avec d’autres patientes afin de s’évader.

Profondément déjanté, Snyder propose avec Sucker Punch une vision des plus spectaculaires de la folie. En effet, Baby Doll nous emporte sans retenue dans une folie incomparable, mettant scène un cabaret fantasmé, où du rôle d’escorte, elle devient une héroïne fantasy d’un jeu vidéo. Rarement un film n’aura été aussi proche d’un jeu vidéo au niveau de sa conception, son graphisme et ses principes. Chaque apparition de ce jeu est une véritable jouissance rétinienne où les scènes d’actions, filmées telles de véritables scènes de jeux vidéos, poussent à l’extrême les concepts de violences et de spectaculaires. Le tout sublimé par des décors grandioses et des costumes (sexy) des plus beaux. Zack Snyder met au goût du jour le cinéma RPG, toujours plus impressionnant, plus excessif et avec cette patte esthétique si reconnaissable, si pure et si belle.
Sucker Punch aurait pu être un véritable chef-d’œuvre, malheureusement, au-delà de son amour décomplexé pour le jeu vidéo, le cinéaste montre ici quelques limites de son cinéma. L’œuvre est ainsi bien trop inégale, trop brouillonne parfois pour être un très bon film, la meilleure partie du film étant le début, le milieu étant parfois redondant et la fin se faisant attendre. En effet, si le beauté visuelle reste une part importante et primordiale de son cinéma porche d’un David Fincher (en terme d’imagerie), le scénario ainsi que l’écriture de ses personnages restent un problème non négligeable. Ainsi, bien que l’on comprenne rapidement le concept de ce monde imaginaire sans limite, on ne prend malheureusement pas le temps de le découvrir dans son entièreté.
La plupart des personnages restent clichés ou non développés et les enchaînements trop rapides des scènes d’actions rendent le récit vite ennuyant à suivre. Ceci contraste malheureusement avec le génie de l’œuvre qui nous envoie tantôt en pleine terre des dragons, tantôt sur le front de la Première Guerre Mondiale. Seulement, le surplus de violence de ses scènes n’invite pas à apprécier des personnages aux dialogues creux et déjà vu, ce qui gâche quelque peu le grandiose de ces scènes ainsi que celle d’un montage des plus exquis à contempler.
Dommage, car certaines idées, et notamment celle de suggérer, malheureusement trop souvent, la sexualité (ou plutôt la sensualité) à travers des scènes de jeux vidéos avec une violence exagérée afin d’accomplir une mission suicide, est métaphoriquement géniale. En effet, le rôle d’escorte de Baby Doll l’emmène à effectuer des danses à connotation sexuels, celles-ci qui ne seront montrées à aucun moment, substituées par des scènes de jeux. Et malheureusement, c’est ici l’une des seules subtilités du film en terme d’écrire. Cela se ressent d’ailleurs sur le jeu des acteurs qui mis à part Emily Browning, Oscar Isaac (en tant qu’antagoniste) et Scott Glenn toujours aussi incroyable, le reste du casting enchaîne le bon et le…beaucoup moins bon.

Sucker Punch est à l’image des acteurs et de la carrière de Zack Snyder, capable de coup d’éclat, parfois proche du génie mais très inégal. L’œuvre mérite pourtant que l’on s’attarde dessus tant elle apporte au niveau visuel et tant certaines idées ressortent. Malheureusement en résulte simplement un bon long métrage, presque décevant tant la promesse d’avoir une œuvre sublime est distillée tout au long. Cependant, il convient toutefois de souligner que le visionnage reste très agréable dans son ensemble et qu’il fera le bonheur de bon nombre de cinéphiles, geeks ou simplement amateurs de cultures en tout genre.