Une Sirène à Paris Réalisation : Mathias Malzieu Scénario : Stéphane Landowski et Mathias Malzieu Avec : Nicolas Duvauchelle, Marilyn Lima, Rossy de Palma... Photographie : Virginie Saint-Martin Musique : Dionysos et Olivier Daviaud Distribution : Sony Pictures Releasing France Durée : 1h42 min Genre : Drame Fantastique Date de sortie : 22 Juin 2020
Crooner au cœur brisé, Gaspard s’était juré de ne plus retomber amoureux. Quant à Lula, jolie sirène, elle n’a que le chant pour se défendre des hommes, en faisant s’emballer leur cœur jusqu’à l’explosion. Lorsque la Seine en crue vient déposer Lula au pied du Flowerburger, la péniche-cabaret où chante Gaspard, c’est un mini-tsunami qui va bouleverser leur existence. Lui, l’homme qui a souffert d’avoir trop aimé, et elle, la créature qui n’a jamais connu l’amour, vont apprendre à se connaître. Et à chanter d’une même voix…
Le cinéma est un art extrêmement divers et varié, et dans toute cette multiplicité il existe des œuvres que l’on peut et doit prendre avec légèreté. C’est ici le cas du film fantastique de Mathias Malzieu, Une Sirène à Paris, adaptation de son roman homonyme, produit par Overdrive Productions.
L’on y suit les aventures d’un jeune crooner, Gaspard, travaillant dans un cabaret familial, le Flowerburger, au bord de la faillite. Ce dernier ne croit plus en l’amour et se prépare à perdre l’héritage familial quand il tombe nez à nez avec une sirène inconsciente au bord de la Seine…
Film assumé comme étant profondément naïf, il s’en avère que plus touchant et profond. L’amour est bel et bien le cœur de l’histoire et y est traité avec tant de délicatesse malgré sa maladresse, qu’il nous emporte très vite dans ce récit fantastique et rayonnant.
A travers une mise en scène somptueuse, Malzieu emmène le spectateur dans son petit univers, où références musicales, cinématographiques et littéraires entremêlent. L’utilisation parfaite des décors et des costumes se contrastant de scène en scène, alternant entre couleurs chaudes et froides, selon l’humeur et les actions des deux protagonistes, donnent lieu à des plans d’une beauté rare. Le réalisateur use de plans rapprochés, de gros plans sur le visage des acteurs qui rendent le film parfois claustrophobique à l’image de la vie des deux protagonistes. L’auteur utilisera tout de même quelques plans larges, bien souvent dans l’eau, comme pour montrer le coté libérateur du milieu aquatique si vaste où les lumières chaudes et froides se croisent le temps d’un moment. La lumière froide des fonds marins et donc de la vie de Lula (la sirène) étant en confrontation avec le monde chaleureux, pleins de lumières malgré la tristesse de Gaspard.
Cela contraste une nouvelle fois avec l’intérieur du cabaret ou l’appartement de Gaspard où tant d’objets , d’histoires semblent étouffer les protagonistes. Seules quelques scènes de comédies musicales viennent briser cette impression, mettant l’art au dessus de tous les problèmes ou enjeux du film. L’amour est donc cet élément libérateur, l’argument premier du film face à sa naïveté et ses facilités.
En effet, extrêmement poétique, à l’image de ses personnages qui restent toutefois très simplistes en terme d’écriture, au même titre que l’intrigue secondaire du récit. Cette sous-intrigue, bien que posant la question de la moralité de Lula, n’apporte que très peu d’intérêt en plus et rend le scénario quelque peu bancale. De plus, dans sa quête d’avancé du scénario, l’artiste use de dialogues extrêmement creux et maladroits. Parfois malvenues, ils ne servent que d’outils à l’avancé du récit, sans forme ni finesse. C’est bien dommage lorsque l’on voit la qualité technique de l’œuvre et cette volonté touchante de rendre hommage au plus pure et grand des sentiments, à savoir l’amour.
Une Sirène à Paris reste néanmoins un film sans prétention qui assume clairement sa naïveté et ses petits défauts pour nous offrir un voyage agréable dans un conte moderne, sublimé par deux acteurs (Nicolas Duvauchelle et Marilyn Lima) rayonnant de talent et une mise en scène des plus splendides. C’est ainsi que l’on retiendra cette nouvelle œuvre de Malzieu, comme un jolie film qui porte avec panache et maladresse, un message des plus touchants, avec une histoire agréable à suivre.