Découvrez notre avis sur le film Les Misérables réalisé par Ladj Ly avec Damien Bonnard, Alexis Manenti, Djebril Didier Zonga et Jeanne Balibar.
Lire l'articleLa recette Alexis Manenti
[AVIS] Le Monde est à toi (2018) Romain Gavras
Synopsis : François, petit dealer, a un rêve : devenir le distributeur officiel de Mr Freeze au Maghreb. Cette vie, qu’il convoite tant, vole en éclat quand il apprend que Dany, sa mère, a dépensé toutes ses économies. Poutine, le caïd lunatique de la cité propose à François un plan en Espagne pour se refaire. Mais quand tout son entourage : Lamya son amour de jeunesse, Henri un ancien beau-père à la ramasse tout juste sorti de prison, les deux jeunes Mohamed complotistes et sa mère chef d’un gang de femmes pickpockets, s’en mêlent, rien ne va se passer comme prévu !

Huit ans ont passé depuis le premier film de Romain Gavras. Notre jour viendra, sorti en 2009 était une oeuvre coup de poing. Reflétant une certaine rage du réalisateur, qui dès son premier long-métrage avait la volonté de s’extraire de l’ombre paternel (Costa-Gavras). Le film mettait en scène Patrick (Vincent Cassel) et Rémy (Olivier Barthelemy), deux “roux”, errant au gré du vent dans une société qu’ils rejettent impétueusement. Le film était passé inaperçu, mais reste une oeuvre brute et pleine de vie.
Le Monde est à toi, en sélection cette année à Cannes, est moins tranché que son prédécesseur et sans doute plus accessible. Cependant, si le film s’offre à un public plus large, il y perd en authenticité. Globalement, nous passons un bon moment et le film peut se targuer d’offrir une heure et demie de comédie criminelle spectaculaire avec une direction artistique soignée. Le passé (et l’avenir) de Romain Gavras dans l’univers du clip lui ont permis de bâtir une identité visuelle propre et de parfaire sa fascination pour les anti héros aux projets de vie voués à l’échec.
On y retrouve également tout l’univers de Kourtrajmé le collectif créé en 1994 par Kim Chapiron, Toumani Sangaré et Romain Gavras que Vincent Cassel, Mathieu Kassovitz, Mouloud Achour ou encore l’artiste JR soutiennent depuis quelques années déjà. Ainsi vous retrouverez dans le film en plus de Vincent Cassel qui est d’ailleurs co-producteur, quelques caméos de membres proches de Romain Gavras comme Ladj Ly ou encore Alexis Manenti. En plus des membres de son collectif, Gavras se permet de faire venir John Landis (Les Blues Brothers, Un fauteuil pour deux…) le célèbre réalisateur américain et sa femme Deborah Nadoolman costumière sur des films comme (Thriller, Indiana Jones…) pour un petit caméo !

Néanmoins, quelques détails gênants viennent alourdir la recette habituelle ; notamment certains personnages qui dans leur désir d’excentricité peinent à nous convaincre. Le duo mère/fils, (Karim Leklou/ Isabelle Adjani) en première ligne qui n’est pas des plus crédible ; La mère surtout, dont le comportement ne trouve pas d’explication à ses marques de traîtrise, de castration et d’abandon permanentes à l’égard de son fils. L’évolution du duo aurait pu mériter plus d’attention et moins d’arabesques spectaculaires. D’autres personnages s’échinent à trouver leur utilité, comme Vincent Cassel, dans une quête illuminati amusante au premier abord mais inintéressante sur la longueur pour un personnage qui aurait mérité une plus grande mise en lumière.
Gavras nous surprend toujours dans sa recherche d’esthétique et de mise en scène de la banlieue avec une direction artistique superbe. Même si certains arcs narratifs et personnages manquent un peu de rigueur, c’est une comédie criminelle punchy et haute en couleur, une plongée délirante dans la culture street que le réalisateur nous offre. Le film reste une bouffée d’air frais sur une sélection cannoise en manque de belles comédies.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=NNtZdPNQuQQ[/youtube]
[AVIS] Dans la brume (2018) Daniel Roby
Synopsis:
Le jour où une étrange brume mortelle submerge Paris, des survivants trouvent refuge dans les derniers étages des immeubles et sur les toits de la capitale. Sans informations, sans électricité, sans eau ni nourriture, une petite famille tente de survivre à cette catastrophe… Mais les heures passent et un constat s’impose : les secours ne viendront pas et il faudra, pour espérer s’en sortir, tenter sa chance dans la brume…
De plus en plus la France s’ouvre aux films de genre. Après le succès de Grave, l’innovant Arès, ou encore le récent La Nuit A Dévoré le monde, c’est le Québécois Daniel Roby, réalisateur entre autre de quelques épisodes de la série Versailles qui vient se heurter au public Français. Pour ce faire, le réalisateur a fait appel aux talentueux Romain Duris et Olga Kurylenko, duo d’acteurs charismatiques à la notoriété internationale pour un film bourré d’ambitions.
On avait peur d’une science fiction ratée en vue de son petit budget et de ses ambitions mais Dans La Brume nous offre une ambiance apocalyptique réussie ! Tourné essentiellement en studio en banlieue Parisienne, le film nous captive par son soucis du détail et ses rues de Paris apocalyptiques très réalistes. C’est l’un des points forts du film, on y croit ! Des dizaines de cadavres recouvrent les trottoirs, certains rescapés errent dans les rues, tout est assez réussi dans un Paris créé pour l’occasion qui l’est tout autant. Le seul petit bémol pourrait être les effets spéciaux, parfois faux mais dans l’ensemble de bonne facture pour ce petit budget.
Là où les films américains à grand spectacle nous perdent, Romain Duris et Olga Kurylenko nous rattrapent dans un film plus humain et réaliste. Dans La Brume mise avant tout sur les péripéties de ses personnages et le côté humain, à petite échelle, à l’échelle de leurs problèmes. Et cette approche aussi surprenante que réaliste, va devenir autant la source de ses qualités que celle de ses défauts.
L’histoire tourne autour du sauvetage de Sarah (Fantine Harduin), la fille de Mathieu (Romain Duris) et Anna (Olga Kurylenko) atteinte d’une maladie grave et bloquée dans sa bulle dans l’appartement familial. Romain Duris et Olga Kurylenko vont donc affronter de nombreuses péripéties pour sauver leur fille. Le temps est compté et ce contre là montre offre une tension palpable. Une tension accentuée par la musique de Michel Corriveau (Versailles) et le jeu parfois juste des acteurs. Parfois seulement, puisqu’on a du mal à rentrer dedans et le jeu de Fantine Harduin est pour le moins décevant. Mais heureusement les péripéties nous ramènent dans cet univers réaliste, et Michel Robin et Anna Gaylor apportent encore plus de réalisme et de profondeur à cet événement apocalyptique.
Mais à rester à petite échelle on frustre le spectateur qui aimerait en savoir plus. C’est une chose mais le film fruste encore plus de part sa fin, totalement décevante et frustrante. Toute la tension amenée est cassée et gâchée par une fin rapide et expédiée. Dommage!
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=FiAJufl5egY[/youtube]