The Rover Réalisation : David Michôd Scénario : David Michôd Avec : Guy Pearce, Robert Pattinson, Scoot McNairy, Nash Edgerton... Photographie : Natasha Braier Musique : Antony Partos Distribution : Metropolitan Filmexport Durée : 1h42 min Genre : Drame Date de sortie : 4 Juin 2014

Dix ans après l’effondrement de l’économie occidentale, les mines australiennes sont encore en activité, et cette industrie attire les hommes les plus désespérés et les plus dangereux. Là-bas, dans une société moribonde où survivre est un combat de chaque jour, plus aucune loi n’existe. Eric a tout laissé derrière lui. Ce n’est plus qu’un vagabond, un homme froid rempli de colère. Lorsqu’il se fait voler la seule chose qu’il possédait encore, sa voiture, par un gang, il se lance à leur poursuite. Son unique chance de les retrouver est Rey, un des membres de la bande, abandonné par les siens après avoir été blessé. Contraints et forcés, les deux hommes vont faire équipe pour un périple dont ils n’imaginent pas l’issue…
Quatre ans après Animal Kingdom où le réalisateur australien David Michôd nous a présenté un film dénué d’humanisme et d’une violence crue, celui-ci revient en force avec toujours en tête de montrer ce vide et cette violence bestiale qui lui tient à cœur avec ce film, The Rover. Un film qu’il a co-écrit avec l’acteur australien Joel Edgerton.
Un décor de western où la poussière vient joncher les corps humides des rares protagonistes présents dans le désert australien. Une course poursuite sans fin où rien n’importe plus que de retrouver sa voiture. On pense dès lors à Mad Max, jusqu’à ce que David Michôd nous présente son propre univers où les choses sont rares mais non dénuées de valeurs.
Certains pourraient se laisser avoir par l’ennui. En effet, le plan d’introduction annonce bien la couleur de The Rover. Cela sera lent, silencieux et dans un décor post-apocalyptique où toute vie semble avoir disparue. En effet, dans cette lenteur les actions s’enchainent à une vitesse incroyable. On peut dès lors, oublier l’objet propre du film. Quelle est la ligne narrative ? Quels sont les buts des personnages ?

Néanmoins, tout bon spectateur se doit d’entrer dans le film. Ici, le silence et le vide amènent d’une manière subtile et intelligente la force de l’être qui se bat contre lui-même. Une rage intérieure qui en surprendra plus d’un. Assis sur nos fauteuils, accrochés à nos accoudoirs, le réalisateur sait prendre le spectateur au dépourvu. C’est avec une mise en scène sans artifices, crue et pertinente que Michôd met en valeur les tréfonds de ses personnages qui gisent dans la crasse.
On ne peut rester de marbre face au duo d’acteurs présents à l’affiche. C’est un Guy Pearce toujours fidèle et surprenant qui nous incarne avec talent, ce survivant à l’objectif ultime. Il porte le film sur ses épaules et s’en sort avec hargne et prestige. Il est tout de même bien accompagné par Robert Pattinson qui change ici de directive d’acteur pour nous montrer une nouvelle facette : celle d’un personnage léger, fin, semblant à première vue dénué de réflexion à défaut d’être doté d’une simplicité sans faille. Ce qui est d’autant plus intéressant dans ce jeu, c’est que les personnages restent figés à leurs états de base, primitif. Dans un monde où tout est perdu, les émotions et les sentiments se sont égarés, il ne reste que des personnages vides. Cette linéarité durant tout le film force à admirer la prestation de ces deux acteurs.

Une ambiance mystérieuse qui entraine un chaos. Portée par les deux personnages qui se découvre en chacun un restant d’humanité. De leurs rencontres hasardeuses jusqu’à leurs embuches sans fin pour récupérer un bien qui n’est que matériel. C’est une quête initiatique où le protagoniste apprend à vivre dans les charognes de ses victimes. C’est un film intelligent qui laisse au spectateur la possibilité de réfléchir quant à la situation présente et les choix engendrés tant que l’on tient à sa vie. Il n’en reste pas moins anxiogène et étouffant mais le spectateur – lui – a le choix de croire ou non en ces personnages.
The Rover est un road-movie non transcendant par sa motivation initiale, mais ingénieux et emballant par sa cruauté et son désir de survie. Un duo d’acteurs remarquable qui illustrent la rage de vivre jusqu’au sommet du silence.